Je savais que le cinéma de Satyajit Ray était capable de me faire fondre. "La Complainte du sentier" a notamment été pour moi un de mes plus profonds chocs cinéphiles. Mais là, j'en ai encore la confirmation.
Déjà je ne vois absolument pas comment il peut être possible de résister un seul instant au rayon de soleil incroyablement photogénique, qui réussit à être aussi fascinant tout en paraissant paradoxalement proche de nous, qu'est Madhabi Mukherjee. Quel charisme, quelle présence, quelle beauté, quel talent...
Ensuite Ray réussit à décrire avec une grande justesse et une grande subtilité le quotidien d'un couple profondément attachant auquel on s'identifie sans le moindre mal (Ozu aurait certainement adoré le film !!!), tout en ne négligeant jamais les personnages secondaires et en développant sans la moindre lourdeur une réflexion sur la place de la femme dans la société indienne. Et puis, sujet qui ne peut que toucher directement au cœur, le film raconte surtout l'histoire d'une femme qui va se révéler à soi-même.
On soulignera aussi un petit moment de suspense auquel on ne s'attendait pas dans ce type d'oeuvre mais tellement bien amené que cela n'apparaît nullement gratuit et une fin aussi émouvante qu'optimiste qui justifie brillamment le titre du film.
Une très grande réussite qui fait à nouveau comprendre pourquoi Satyajit Ray est considéré comme un grand parmi les grands.