"La grande ville", n'est vraiment montrée qu'à la toute fin du film, avec ce travelling tremblotant sur un lampadaire, rappelant les plans maladroits sur les caténaires du générique. Elle n'est tout au long du film une idée, existant de façon tapageuse par une musique omniprésente relayée par des bruits divers. L'annonce de cet espace vaste dans le titre n'est qu'une illusion, une situation géographique abstraite, tant Calcutta, ville où se déroule le film, n'existe pas véritablement, ou alors mentalement, dans l'idée que se font les personnages du film d'une grande ville.
"La grande ville" est une longue litanie pleurnicharde économique redondante, lieu de misère et de déchéance pour l'ancienne génération grégaire et dans la plainte permanente, reprise en écho par les deux personnages pourtant amoureux mais obsédés par leur condition précaire. Le film est une succession de huis clos, géographiques, la maison, le bureau, ou filmiques : les visages sont systématiquement montrés en gros plans, ce qui certes exalte la beauté et le jeu du personnage principal, qui tient entièrement le film sur ses épaules, magnétique, émancipée. Elle a bien du mérite à insuffler de l'intérêt à cette succession de conversations interminables sur le choc des générations, des classes, et sur le bien-fondé qu'à une femme de travailler.