Un revenge movie dans la campagne normande.
En 1970, à la sortie de "La horse" (terme désignant l'héroïne en argot), l'exode rural est déjà bien engagé, mais la France reste un pays agricole, notamment dans certaines régions.
Jean Gabin incarne un de ces patriarches terriens à l'ancienne, autoritaire et borné, qui estime que le changement mène le monde à sa perte. C'était mieux avant, en somme, avec toutes les valeurs plus ou moins réactionnaires qui s'y rattachent.
Lorsque son petit-fils, qui ne jure que par la ville et par le progrès, se trouve mêlé à un trafic de drogue, le pater familias n'a pas d'hésitation sur la conduite à tenir : détruire la marchandise, planquer le minot, et attendre l'ennemi sur son propre terrain.
Autant dire que Pierre Granier-Deferre ne fait pas dans la finesse, ni dans son propos sous-jacent ni dans son scénario, que l'on pourra trouver peu crédible à plusieurs reprises.
Néanmoins, on ne peut nier une certaine efficacité à cette mise en scène brute (voir la scène - difficile à regarder - du massacre du troupeau) et à ce récit sans fioritures, renforcée par le choix d'un casting d'illustres inconnus pour entourer l'omnipotent Auguste Maroilleur.
Tout juste aperçoit-on Julien Guiomar et Pierre Dux dans de brefs seconds rôles. C'est un peu Jean Gabin contre le reste du monde.
Au final, "La horse" est un thriller campagnard qui ne restera sans doute pas dans les mémoires, mais qui dégage un certain charme champêtre atypique, à l'image de la séquence d'ouverture, et qui a le mérite d'aller à l'essentiel en à peine plus d'une heure et quart.
Surtout, la musique dissonante mais envoûtante, signée d'un certain Serge Gainsbourg, s'avère parfaite dans ce contexte, offrant à l'ensemble une couleur décalée du meilleur effet.