Aïe, ouille, aïe. Non mais quel bordel. Même si on voit se dessiner très lentement l'idée directrice du film, qui explore l'esprit torturé d'un tueur professionnel, "La marque du tueur" reste foutraque d'un bout à l'autre, Suzuki s'amusant volontairement à nous perdre dans les méandres psychologiques de Hanada. Le résultat est une succession de scènes au surréalisme plus ou moins marqué. Ces images ont parfois une vraie puissance évocatrice, grâce à quelques belles idées de composition, à une photo magnifiquement contrastée et au charisme des acteurs.
Mais dans mon cas c'est surtout l'épuisement qui l'a emporté, devant une intrigue qui, si elle tient debout dans les grandes largeurs, n'a ni queue ni tête sur le moment. Idem pour les dialogues. La spontanéité et l'apparente anarchie de "La marque du tueur" ne font au final que masquer des enjeux ultra maigres et une dimension psychologique extrêmement frugale alors qu'elle est censée occuper le coeur du film. Du coup, c'est beau, c'est parfois touché par la grâce, mais les 90 minutes du film en paraissent le double, vu que le fond du propos de Suzuki ne casse pas des briques, entre poncifs du genre et digressions absconses.
Totalement vaine et alourdie par une apparition ridicule qui viendrait presque mettre en miettes toute la portée poétique du film, la conclusion laisse de marbre et entérine cette impression d'une oeuvre très (trop) expérimentale dont le flot d'idées, bonnes ou mauvaises, n'a su repaître que mes mirettes.