Incontournable pour tout passionné du septième art, "La nuit américaine" est un hommage au cinéma par l'un de ses serviteurs les plus emblématiques.
François Truffaut nous embarque en effet sur le tournage d'un film fictif, dont on découvre la fabrication (aux studios de la Victorine à Nice) et les coulisses, dans une mise en abîme fascinante, facilitée par la présence en tant qu'acteur de Truffaut lui-même dans le rôle du réalisateur.
Anecdotes touchantes, drôles ou dramatiques, qui définissent au final le plus beau projet collectif qu'on puisse imaginer, selon le cinéaste français. Un tournage est une petite vie à l'intérieur de la grande, plus forte et plus intense ; un film est un monde "sans embouteillages et sans temps morts", et la séparation de tous à l'issue de ce projet fédérateur ressemble à une petite mort.
Truffaut a réuni une distribution prestigieuse, autour de la star anglo-saxonne Jacqueline Bisset : Nathalie Baye en script girl efficace, Jean-Pierre Aumont en vieux beau amoureux, le fidèle Jean-Pierre Léaud en jeune premier immature, Jean Champion en producteur paternaliste, ainsi que la chanteuse Dani, Jean-François Stévenin et même l'inattendu Bernard Menez.
Si "La nuit américaine" déçoit un peu, c'est dans sa dimension assez artificielle, tout est très (trop) écrit et cela dessert l'implication émotionnelle, d'autant que certains impondérables du tournage sont traités de façon expéditive
(principalement le décès accidentel d'Alexandre).
D'autre part, on se moque un peu du film dans le film, à l'intrigue simpliste voire creuse ; je ne parierais pas sur le gros succès virtuel d'une œuvre telle que "Je vous présente Pamela" (même le titre apparaît ridicule).
Ce léger bémol n'empêchera pas "La nuit américaine" d'empocher l'Oscar du meilleur film étranger en 1974, et de marquer durablement la mémoire des cinéphiles.