1895, jardin des frères Lumières,
premier film * burlesque, L'arroseur arrosé.
Des lustres plus tard, 1968, villa ultramoderne californienne reconstituée.
Cette pépite psychédélique reprend la même recette sur la durée, enfance de l'art, mettre en scène un décalage entre personnage enfantin, et adulte(s) trop sérieux.
L'acteur indien Hrundi V Bakshi joue pour de vrai, puis, sincèrement heureux de l'invitation qui lui est faite, joue à fond le jeu social, sa sincérité autant que sa gracieuse douceur désarmant quiconque aurait de bonnes raisons de le dégommer.
Cette machine infernale à gags montent crescendo à un rythme étonnamment lent, ouvrant de l'espace à l'imaginaire? pour finir en soirée mousse survoltée avant la lettre. Elle entraîne le spectateur dans une critique sociale subversivement imbriquée dans le décor. L'après-Weinstein
a fait enfin saillir le machisme grossier, d'hommes abusant du rêve hollywoodien piège à fille dénoncé ici.
Le film n'a pas la satire grinçante de S.O.B du même Blake Edwards. Délicatement il mute la maladresse du personnage en soudaine adresse virevoltante qui sauve la jeune française du porc joué par le futur Capitaine Merril Stubing ( La croisière s'amuse, 1977-1987)
L'art de la "burla" au cinéma ("plaisanterie" ) inventé par les français début XXème siècle, exporté aux EU par Linder Max et les autres, transformé en "gag machine" débitée à la chaîne parfois à un rythme infernal version Mack Sennet, Keaton, Chaplin and co, connut un renouveau sous la houlette du génie Tati.
Mon oncle, récompensé aux oscars dix ans plus tôt, inspire l'hommage respectueux du cinéaste
qui dynamite à son tour snobisme et maison moderne en osant le même tempo lente , sans compter la voiture à trois pattes, petite soeur de la bagnole à Monsieur Hulot.
Le génie anglais, touche indispensable depuis Chaplin, est représenté par l'acteur Peter Sellers.
Nul doute qu'il entraîna lui aussi Edwards vers ce tempo particulier de mise en gag -scène.Son jeu d'acteur intervient autant que la situation pour créer cet effet, on rit et jubile par AVANCE des catastrophes qu'il va provoquer. La véritable surprise se situant en sa métamorphose en héros puis héraut du ramdam final, et ado séduisant la timide french oiselle, nothing to lose en matière de conquête amoureuse.
D'une manière générale flotte sur ce film un style d'une subtilité élégante toute en profondeur de champ. Magnifiée par l' esthétique psychédélique des sixties pas loin de l' abîme, rarement gâchée par quelques gags forcés ou vieillis, elle élève le film au rang de chef d'oeuvre du genre.
Viendront les personnages joués et mis en scène par l'émule Pierre Richard dès 1970,Le Distrait, Le Grand blonde.... Avant que Rowan Atkinson propose sa réinvention du genre, le mou et parfois méchant Mister Bean( 1990 -1995).
Grand Tour du cinéma burlesque, accompli ! The Party, maillon central dans l' Histoire.
PS de ma programmation ciné club, six ans avant vol au dessus d'un nid de coucou, deux films subvertissant l'ordre social, portrait de groupe autour d'une figure dynamiteuse, styles à l' opposé: élégance fin sixties contre réalisme âpre seventies ? caméra sublimant second plan et second rôles en un même mouvement. Une formidable écoute autant qu'une sensation de malaise. Une
émancipation réussie, ratée?