La piste des géants est un film spectaculaire, lançant la veine du western moderne. Il y a des règlements de compte, des indiens, des bisons, une nature extrêmement dangereuse allant du désert aux tempêtes de neige, des à-pics aux marécages, il y a de l'humour, des coups de feu, de la romance, des traîtrises, et il y a John Wayne. Et j'en passe.
Au cœur du film, il y a la figure du pionnier, l'homme qui va coloniser les espaces vierges, l'épicentre du mythe de la conquête de l'ouest. De La piste des géants au roman de Haycox Les pionniers, cette figure mythologique mais éminemment humaine brave les plus grands dangers pour le rêve d'un bout de terre bien à lui. Traitée d'abord sur le mode le plus romantique qui soit, cette figure de pionnier va au cours du XXème siècle devenir de plus en plus sombre, reflétant d'abord le passé rêvé et partiellement fantasmé, puis les interrogations croissantes sur la part de noirceur au cœur du mythe.
Avouons le, le film de Raoul Walsh, comme beaucoup de films de cette terrible période des débuts du parlant, souffre d'un jeu d'acteurs particulièrement daté. Mais avec la générosité de ses paysages, ses innombrables figurants, ses péripéties spectaculaires, il offre un spectacle épique et furieusement romantique qui ravit encore aujourd'hui.
En 2010 sortait La dernière piste, de Kelly Reichardt. Même dépouillé de son aspect romantique, le mythe du pionnier est toujours vivant.