Les fantômes de la liberté

"Il était une fois dans un grand bois, un pauvre bûcheron et une pauvre bûcheronne. Le froid, la faim, la misère, leur rendait la vie bien difficile..." conte le narrateur Jean-Louis Trintignant d'une voix fragile et bienveillante en introduction de la fable humaniste de Michel Hazanavicius.

La plus précieuse des marchandises est le premier film d'animation d'un réalisateur audacieux et et à la diversité cinématographique aussi riches que les innombrables répliques cultes d'OSS 117. Un véritable artisan du cinéma qui par sa plume et par son encre dépeint avec émotion une période de l'Histoire sous occupation en proie à la délation et aux préjugés haineux.

En apparence paisible, cette fable animée révèle avec justesse la noirceure de l'âme, l'amour simple, le crime, la résilience et le génocide dans un exercice de style boulversant et terrifiant. C'est cependant un projet qui se veut accessible. Accompagner la jeunesse dans une alternative humaniste, opposée à celle plus distante des livres d'Histoire. Un point de vue donc plus innocent dans la droite lignée de La vie est belle de Roberto Benigni ou de Jojo Rabbit de Taika Waititi.

Ce travail de mémoire est adapté du conte de Jean-Claude Grumberg. Né en 1939, il verra pour la dernière fois ses parents et grands-parents en 1942 se faire rafler devant ses yeux. Il co-scénarise le film avec Michel Hazanavicius. Ensemble, ils oeuvrent et nous transmettent un témoignage plein de sensibilité dans l'enfer tragique de la déportation et de l'holocauste.

Les voix de Dominique Blanc, Grégory Gadebois et de Denis Podalydès accompagnent avec la même sensibilité des personnages torturés par l'oublie et la solitude. L'ensemble est merveilleusement mis en musique par Alexandre Desplat.

La plus précieuse des marchandises est à mon sens l'oeuvre cinématographique la plus pertinente et sincère qu'il m'est été donné de voir ces dernières années sur cette thématique. Un document jeunesse à mettre entre toutes les mains. C'est également une base formidable pour introduire la période de plus sombre de l'histoire moderne et qui rappelons-le résonne toujours autant aujourd'hui.