Des cinéastes touche-à-tout et versatiles qui vont d’un genre à l’autre avec aisance cela ne court pas les rues. Si le cinéma américain a, par exemple, James Mangold (« Logan », « Une vie volée », « 3h10 pour Yuma » et bientôt « Un parfait inconnu »), nous avons très certainement l’un de ses plus beaux représentants avec l’hétéroclite Michel Hazanavicius aussi bien capable de nous livrer le multi-oscarisé film hommage en noir et blanc « The Artist » que des épisodes de « OSS 117 » voire un remake d’une comédie d’horreur sud-coréenne avec « Coupez! ». Il n’est donc pas étonnant de le voir aux manettes d’un film d’animation adapté d’un conte. Et le sujet est ô combien particulier et fort puisqu’il prend comme contexte la Shoah et les déportations...
On salue fortement le geste même si ce sujet a déjà été maintes fois traité (et souvent en mieux ou, en tout cas, en plus impactant et puissant). « La plus précieuse des marchandises » développe néanmoins toutes les caractéristiques du film pédagogique pour lequel on fait une sortie cinéma pour la classe dans le cadre d’un cours d’histoire. Il permet en effet, de manière un peu démagogique parfois, d’aborder ce sujet si dur et sombre pour les plus jeunes. Car oui, ce film d’animation peut être vu par tous - hormis les petits enfants de moins de dix ans on va dire - mais il est forcément sombre et tragique. Et d’ailleurs la musique un peu trop envahissante est là pour nous le souligner. Les voix de Grégori Gadebois, Dominique Blanc et Denis Podalydès sont en revanche parfaitement castées et leur timbre si singulier colle parfaitement au récit tout comme celle de Jean-Louis Trintignant en tant que narrateur.
L’animation est quant à elle très particulière. On sent qu’Hazanavicius a fait le choix d’un formalisme à l’ancienne. Les mouvements des personnages, la texture de l’image et la conception de l’animation nous rappellent volontairement à des périodes où l’animation n’en était pas aux progrès tels qu’on les connait aujourd’hui chez Pixar ou d’autres. Cela donne à « La plus précieuse des marchandises » un côté très suranné et un aspect presque fait de bric et de broc qui lui confère un certain charme. Le film a le mérite d’être très court (moins d’une heure et quinze minutes hors générique) mais il y a tout de même pas mal de lenteurs que l’on ne sentait pas dans le bijou de l’année en animation qui était pourtant sans dialogue... On parle bien sûr de « Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau » et cela confirme une année 2024 pleine d’offres d’animation différentes et exaltantes (on rajoutera « Mémoires d’un escargot » qui sort en France la semaine prochaine » ou encore « Mon ami robot » de Pablo Berger sorti au Québec en 2024). Des propositions étonnantes, variées et riches même si celle-ci est peut-être celle qui nous a la moins touché malgré son sujet à haute teneur émotionnelle mais qui a du mal à nous soutirer véritablement de l’émotion.
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