Les films d'Hong Sang-soo se ressemblent tous, mais diffèrent tous. Cette antithèse pour dire notamment qu'il est difficile de dégager à la surface la spécificité de chacun de la plupart des films du réalisateur, donc, de dire pourquoi on a préféré untel à tel autre.
Ben oui, l'ensemble est formé de quelques plans-séquences de personnes discutant, d'ellipses ou des sauts géographiques qui arrivent sans prévenir, sans les moyens narratifs habituels pour le signaler (au spectateur de saisir par lui-même !), de rencontres de hasard, d'un personnage de réalisateur qui traîne dans le coin, d'un film dans le film, parfois le ou la protagoniste croise une relation sentimentale passée ou présente (pour ce dernier point, ce n'est pas le cas du film critiqué ici !).
Au-delà de ces ressemblances, de ces thématiques ou formes récurrentes, en grattant la surface, en prenant le temps de la creuser même, on s'aperçoit qu'en fait chaque long-métrage diffère, à ses propres motifs, ses propres profondeurs. En fait, la préférence de chacun, ou plutôt la subjectivité de chacun, est basé généralement sur la manière dont elle est touchée par ces motifs, ces profondeurs.
Ici, on suit une romancière, en panne d'inspiration, qui se laisse embarquer par les rencontres de hasard (avec des êtres que l'on connaissait déjà et d'autres non !), dont une qui la pousse à vouloir exprimer à tout prix son art par un autre vecteur, sans que l'on sache si cette idée vagabondait dans son esprit avant de s'affirmer ou si elle est apparue d'un coup. En tous les cas, une simple rencontre (incarnée par la lumineuse Kim Min-hee, muse du cinéaste !) peut bouleverser complètement une existence, peut annoncer un renouveau.
Et ce dernier s'exprime, à la fin, étalé sur quelques minutes en couleurs. Oui, dit comme cela, ça ne paraît rien, mais la couleur ne semble jamais aussi percutante, aussi vive que quand l'œil a eu une longue exposition au noir et blanc (le cinéma en a un tas d'exemples marquants !). C'est la signification d'un moment spécial aussi bien pour les personnages que pour les spectateurs, d'un accomplissement.
Et rares sont les choses procurant autant de joie que la sensation de la tâche accomplie, modeste ou non. C'est cette satisfaction que nous fait partager le réalisateur. Ce qui est loin d'être rien.