Entre le Mexique et les Etats-Unis, le cinéaste met en scène une enquête policière à propos d’un meurtre explosif. Le détective américain, Hank Quinlan, est chargé de l’enquête, en rivalité avec un enquêteur mexicain, Monsieur Vargas, en procès avec des membres d’un gang : les Grandi. S’ajoute un dernier personnage qui fera l’objet d’une grande machination : Susie, la femme de Vargas.
C’est dans cet espace d’entre-deux, c'est-à-dire une ville frontalière qui fait la jonction entre les Etats-Unis et le Mexique, que se déploie l’intrigue du film. Cet oscillement entre deux territoires bien distincts nourri une réflexion sur la notion de frontière mais surtout sur la légitimité d’un individu à penser et agir lorsqu’il se trouve sur son territoire. Ainsi, le film soulève la question du droit dans un territoire qui n’appartient ni à l’un, ni à l’autre. Ces allers retours permanents entre le Mexique et les Etats Unis brouillent les pistes et les repères en nous laissant ainsi dans une confusion qui se met au service du reflet de la justice :qui peut et doit faire justice dans un espace qui "n'appartient à personne" ?
Le film aborde cette question en dressant, dans un sous-texte social (mais quand même bien évident), une critique de la corruption des forces de l'ordre américaine. Le détéctive cynique et désabusé, dont la femme a été tuée par étranglement, cherche à se venger (archétype classique du film noir).
C’est dans cette corruption que ce flic raté va accuser un innocent (mexicain) d’avoir fait exploser une voiture à l’aide de dynamites ; pris dans le mensonge, il ira même jusqu'à tuer M.Grandi en mettant en scène son crime de telle sorte à faire passer pour coupable Susie, et ainsi, faire tomber son mari Vargas.
Cette instrumentalisation du personnage de Suzie correspond parfaitement aux personnages féminins du cinéma classique des années 50. Fragile et ingénue, elle attend sagement son mari dont le rôle est essentiel dans la résolution de l’enquête. Tout au long du film, elle n'apparaîtra seulement comme quelque chose à protéger, comme un objet précieux avec lequel on pourra menacer son mari. Elle n’existe qu’en tant que figure de “la femme de vargas”, sa présence dans la digèse ne se fait que sous le mode de la vulnérabilité. (D’où la dernière interaction entre son mari et elle dans la voiture lorsqu’il lui dit “C’est fini. Je te ramène à la maison. A la maison !”) BREF
Difficile de noter un film culte comme celui-la (faut-il y porter un regard actuel etc..?), mais je dirai : 7,5/10