Lorsqu'il réalise "The touch of evil" en 1958, Orson Welles a déjà à son actif une dizaine de long-métrages. Il s'attaque ici au film noir, au moment ou son âge d'or se termine, et signe tout simplement une référence du genre, mêlant habilement polar, drame et romance contrariée.
Suite à un attentat à la frontière américano-mexicaine, on assiste à l'opposition de deux flics aux styles et méthodes contraires : Charlton Heston incarne Vargas le mexicain intègre (tout juste marié à une américaine, jouée par la pulpeuse Janet Leigh), tandis qu'Orson Welles himself prête sa silhouette empâtée à Hank Quinlan, l'américain obèse au flair infaillible mais aux valeurs douteuses...
Si ce scénario est loin d'être inintéressant, ce qui fait la valeur ajoutée de "The touch of evil" est incontestablement la mise en scène brillante de Welles.
Dès le plan-séquence d'ouverture, époustouflant modèle du genre, jusqu'à la scène finale autour du pont-frontière, le spectateur en prend plein les yeux.
Dans ce classique plébiscité par l'ensemble des cinéphiles, mon seul bémol concerne les quelques trous d'air au sein du récit, en particulier les scènes situées dans le motel abandonné, qui s'éternisent et n'ont pas l'intensité des autres séquences du film.
Quoi qu'il en soit, "The touch of evil" reste indéniablement l'un des derniers grands films noirs des années 50, marqué par le face à face Charlton Heston - Orson Welles, et par la présence remarquée de Marlene Dietrich, dans un second rôle étonnant.