Roman Polanski laisse rarement indifférent : la preuve en est avec cette « Vénus à la fourrure » peu aimable et plutôt audacieuse à bien des égards. Offrir un film relativement « grand public » avec deux acteurs pour distribution complète et une dimension sexuelle omniprésente, il n'y a guère que l'auteur du « Pianiste » qui puisse être intéressé par une telle entreprise et la mener à bien. Je ne peux pas dire pour autant que j'ai adoré : le résultat est un peu long, voire en définitive assez prévisible dans son déroulement, en tout cas sans réelle surprise dans l'évolution des relations entre les deux protagonistes.
Reste que la mise en abîme est intelligente et souvent bien construite, Polanski n'ayant rien perdu de son talent pour créer le malaise et exploiter brillamment des décors faisant partie intégrante du récit. Surtout, si Mathieu Amalric s'en sort plutôt bien, Emmanuelle Seigner, dans ce qui est certainement son rôle le plus complexe, est fascinante de perversion et de beauté, plusieurs scènes, écrites de façon particulièrement acérées, s'avérant assez réjouissantes, notamment au début. Cela ressemble beaucoup à du théâtre, en est à pas mal égards, mais avec suffisamment d'arguments cinématographiques et de talent devant comme derrière la caméra pour que « La Vénus à la fourrure » soit une œuvre méritant le détour.