Tomber amoureux
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J'y allais presque à reculons tant je n'avais jusqu'ici jamais été totalement convaincu par le cinéma d'Abdellatif Kechiche. Je n'avais pas du tout aimé « L'Esquive » et plutôt apprécié « La Graine et le mulet » ou « Vénus noire », tout en relevant à chaque fois des longueurs très regrettables. « La Vie d'Adèle » faisait ainsi presque figure de test : soit ça passait, soit ça cassait. Ce fût finalement la première solution, et j'en suis ravi. N'idéalisant jamais ses personnages tout en les aimant profondément, le réalisateur ne cherche jamais à en faire trop, simplement à nous raconter une histoire d'amour avec ses mots, ses tripes, le tout sans jamais négliger l'époque dans laquelle nous vivons, ni tomber dans la récupération facile type « Le Mariage pour tous, c'est trop bien ».
Au contraire, tout paraît réfléchi, calculé, dosé pour offrir quelque chose de profond et souvent d'infiniment subtil, parfaitement représentatif de ce que peut être la vie : magnifique par moments, douloureuse voire atroce à d'autres. Autre grande idée : plutôt que d'opter pour une narration linéaire, Kechiche privilégie des moments de vie bien précis, essentiels dans le parcours de l'héroïne et ce qu'elle deviendra au fil des années. L'ensemble donne ainsi quelque chose d'incroyablement cohérent voire parfois de profondément émouvant, d'autant que cette émotion n'est jamais surlignée, apparaissant au contraire de façon très naturelle, toujours dans la logique de ce qui a pu nous être proposé auparavant.
Au final, que cet amour soit homosexuel n'a en définitive que peu d'importance tant le propos est universel, chacun pouvant se reconnaître dans cette relation parfois déchirante, d'une incroyable justesse. Alors, c'est vrai : dommage que les scènes « explicites » (euphémisme) soient beaucoup très longues (surtout une), mais qu'importe : porté par une remarquable Léa Seydoux et surtout une Adèle Exarchopoulos éblouissante, sublime, en état de grâce (César du meilleur espoir féminin d'ores et déjà dans la poche), « La Vie d'Adèle » est une Palme d'or méritée, trois heures de vrai beau cinéma à la fois populaire et exigeant : merci M. Kechiche.
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Créée
le 17 avr. 2018
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