Ce qui m'a particulièrement dérangé dans ce film (d'où mon "intitulé") c'est le statut qu'on lui a attribué ; un film novateur et révolutionnaire. Pour ma part le film ne répond pas à ces deux critères, du moins en partie..
Effectivement, les scènes de sexe ont rarement étaient si crues, en tout cas de mon jeune point de vue, mais elles paraissent tellement ridicules face aux qualités esthétiques indéniable du film.. Ces scènes sont fades et n'apportent finalement rien qui mettent en relief la relation d'Emma et d'Adèle. Dans une chambre de mauvais goût, plan fixe, deux adolescentes se touchent, voilà, film révolutionnaire.. Non, on attendait de ce film une épopée sentimentale et pourtant il y a à mon goût qu'une seule scène particulièrement touchante, celle où les deux jeunes adultes se retrouvent au café (portée par la formidable prestation d'Adèle).
Alors on accepte, le film est physique, c'est l'attraction des corps que La vie d'Adèle cherche à mettre en valeur, raté. La tension sexuelle n'est pas au rendez-vous, hormis peu-être celle du spectateur pour les deux beautés montrées à l'écran..
Par ailleurs, on a reproché à La vie d'Adèle d'être un "film sur les homos réalisé par un hetéro". Je trouve cela très juste. D'abord, d'emblée Kéchiche nous plonge dans le stéréotype du bar gay par excellence (qui plus est Adèle est accompagné par son meilleur ami gay, youhou) ; il doit y avoir parmi les trente femmes du bar, allez une qui n'ait pas les cheveux courts, une chemise de camionneur ou des piercings jusque dans les chaussettes, c'est Adèle ! "Mais forcement" nous dirait Kéchiche, "Adèle n'est pas vraiment homosexuelle."
Et oui, parce que plus que la découverte d'une sexualité (ce que nous rapporte sans cesse le synopsis du film), c'est en fait un simple passage de l'adolescence que La vie d'Adèle met en avant. La musique du magnifique instrument qui résonne encore dans mes oreilles lors de la rencontre d'Emma et d'Adèle est d'ailleurs repris à la fin, lorsque cette dernière cherche a rattraper l'homme qui la drague depuis longtemps (le comédien, acteur un peu mytho, si mon souvenir est exact).
En ce qui concerne les clichés, nous n'en avons pas finit si on s'aventure sur le terrain social. En effet, l'homosexuelle assumée mange des huitres, l'autre des spaghettis. Les parents de l'homosexuelle assumée sont cultivés, les parents de l'autre non. D'accord, Kéchiche cherche à montrer la scission sociale ou plutôt culturelle comme un potentiel frein à la relation mais pourquoi tant de manque de finesse ?
Enfin, le film reste plaisant notamment grâce aux deux actrices qu'on ne cessera d'encensé. Elles, sont novatrices et révolutionnaires (ce qui par contraste ne peut pas être totalement délié de la performance du réalisateur, i faut se l'avouer).
iamtomato
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le 24 févr. 2015

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iamtomato

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