Après la très bonne surprise du Pont Des Espions, Steven Spielberg signe son premier long-métrage sous la bannière de Walt Disney Pictures avec cette adaptation d’un des récits les plus célèbres de Roald Dahl. En résulte un film sympathique et plutôt touchant, même si miné par plusieurs faiblesses.
Avec le BGG, Spielberg joue en terrain conquis, et cela fait plaisir à voir : la direction d’acteurs est exceptionnelle, notamment en ce qui concerne l’héroïne Sophie, incarnée par la pétillante Ruby Barnhill. Le réalisateur d’Empire Du Soleil et d’A.I. n’a clairement rien perdu de son talent pour faire jouer les enfants. Question esthétique, Spielberg livre un travail soigné et qui une fois de plus marquera par ses lumières. Le travail du chef-opérateur Janusz Kamiński est à couper le souffle ; reflets, multiples couleurs vives, clair-obscur… Tous les plus beaux effets de style sont employés pour rendre le film visuellement marquant, et cela fonctionne plutôt bien (la séquence au Pays des Rêves restera pour longtemps dans ma mémoire).
A la manière des Aventures De Tintin : Le Secret De La Licorne, le film joue la carte de la « performance capture » pour figurer son géant. Spielberg prouve ainsi à qui en doutait encore qu’il demeure un maître incontesté de l’image numérique : fourmillant de détails en tous genres et particulièrement expressif, le BGG semble extrêmement réel et c’est un des points forts du film, d’autant que Mark Rylance se surpasse dans son interprétation. Mélange de finesse et de maladresse, à la fois ignare et parfaitement à même de comprendre la psychologie d’autrui, le personnage porte le long-métrage sur ses (grandes) épaules.
Malheureusement, le film peine à convaincre avec son écriture. Parfois un peu trop larmoyant, le film peine à instaurer une véritable ambiance et ce même si le dénouement demeure assez efficace. C’est au final le rythme qui vient miner le travail accompli jusqu’alors : le film paraît durer trois bonnes heures et l’ennui guette souvent le spectateur. De plus, le film instaure des enjeux peu convaincants et qui n’amènent aucune tension. Les antagonistes principaux (à savoir les autres géants voisins du BGG) ne représente aucune menace. A peine sont-ils employés comme de vulgaires comics-reliefs assez agaçants.
Au final, Le Bon Gros Géant est un Spielberg mineur, qui ravira (surtout) les petits et (un peu) les grands. Un conte sympathique et bien ficelé visuellement mais qui peine à marquer durablement les esprits. Une semi-déception donc, car on était en droit d’en attendre beaucoup plus d’un cinéaste de la trempe de Spielberg.