Tout a déjà été écrit sur le cinéma de Jean-Pierre Melville et notamment « Le Cercle rouge », l'une de ses plus belles réussites et un de ses plus grands succès. Le revoir au cinéma en 2022 ne fait d'ailleurs que confirmer l'impressionnante maîtrise du cinéaste, clairement ce qui transcende un scénario habile, bien construit, mais somme toute relativement classique, si l'on excepte quelques détails (l'étrange mal qui touche Yves Montand dû à l'alcoolisme le rongeant). Implacable, lucide sur l'humain, le cinéaste offre une œuvre visuellement aboutie, ponctuée de scènes marquantes, où il ne cherche jamais à en faire trop, à l'image d'une bande-originale presque totalement absente.
Peut-être un peu long, manquant légèrement d'intensité, l'œuvre surprend encore aujourd'hui par sa capacité à offrir des personnages marquants, dépouillés de tout artifice, dont on ne sait presque rien. Il faut dire qu'avec le quatuor Alain Delon - Bourvil - Gian Maria Volonté - Montand, niveau présence et classe, difficile de faire mieux. Avec, comme souvent, ce côté « destin fatal », à l'image d'un dénouement magistralement mené. J'ai bien conscience qu'il y a infiniment plus à écrire sur ce film, mais beaucoup d'autres s'en sont chargés et je doute d'être capable de faire mieux : en attendant, pour ceux qui ne s'y seraient pas encore aventurés, il s'agit vraiment du polar français à son meilleur, à l'épure poussée presque jusqu'au paroxysme : le cinéma, le vrai.