Réalisé un an après son autre monument, L' Armée des Ombres, Le Cercle Rouge est non seulement le sommet du film policier Melvillien, mais demeure encore aujourd'hui une sorte de mètre-étalon de tout ce qu'il faut faire ou ne pas faire dans le genre.
Réunissant la crème du casting, avec un Bourvil à contre-emploi, dont ce sera l'ultime film. Il est absolument captivant de le voir déambuler toujours droit devant, prêt à tout pour atteindre son objectif. Le reste de la distribution n'est pas en reste, Alain Delon moustachu, bien dirigé cet acteur n'a pas d'équivalent en présence à l'écran, un Yves Montand qui combat les monstres du placard, toujours impeccable, donnant une dimension dramaturgique et chevaleresque à son personnage, le héros Melvillien dans toute sa splendeur, l'italien Gian Maria Volontè la bellissima classe latine, toujours grave, un acteur exceptionnel. Le reste du casting présente quelques figures incontournables du genre hexagonal, François Périer, Paul Crauchet, Jean-Marc Bory et bien d'autres.
Alors disons le tout court, Le Cercle Rouge est probablement le plus grand polar avec un grand P de l'histoire du cinéma français. Filmé comme une tragédie grecque par un Jean-Pierre Melville au sommet de son art, ce film navigue en eaux troubles avec cette sorte de fatalité qui pèse sur ses personnages, chevaliers errants en bout de course en quête de leur dernière cavale. Des anti-héros fatigués qui s'en vont le cœur lourd vers un destin forcément emprunt de fatalité.
En terme de mise en scène, c'est tout simplement bluffant. Tant en délicatesse et en retenue, avec économie de mouvements et minimalisme des dialogues, juste des figures masquées qui avancent vers leur destinée. Un univers austère et dépressif dépeint avec toute la maestria d'un réalisateur au sommet de son art.
La scène du casse est un monument de perfection, tant dans la mise en scène que dans l'intensité qui se en découle.
Tellement imité, pour le meilleur : Alain Corneau, John Woo, Johnnie To, des auteurs se déclarant Melvillien, mais souvent pour le moins bon, Le Cercle Rouge est un concentré de ce qui se fait de mieux dans le genre et s'inscrit définitivement comme une sorte de film-type quand on souhaite aborder le polar.