Alors là, non, ce n’est pas possible DU TOUT. Quand j’ai vu ce « Cinquième pouvoir », dès les premières minutes, je n’ai pas pu m’empêcher de voir dans ce film la volonté de surfer sur la lignée du « Social Network » de Fincher ; c’est-à-dire prendre une figure d’actualité et la traiter à vif afin de fournir un regard arrêté et pertinent sur un phénomène incroyable dont on n’avait pas encore vraiment pris conscience de l’ampleur. Pour « Social Network » ça passe car Fincher sait mettre l’artifice au service de notre regard sur le réel. Dans ce « Cinquième pouvoir », il n’est même plus question de réel. Il s’agit de construire le produit le plus « in » possible, avec le plus de musiques électro, le montage le plus vif possible, jusqu’aux synthés les plus flashies du monde. Ça pulse, ça étincelle, ça trace… Mais ça ne dit rien du monde dans lequel on vit. Chaque personnage est ici transformé en archétype bizarroïde absolument pas crédible (le personnage d’Assange en tête), le tout étant intégré à une intrigue qui accorde bien plus de place aux artifices habituels (opposition entre cause et vie de couple ; l’amitié à l’épreuve des valeurs contradictoires, le système prêt à broyer le héros solitaire) qu'au sujet qui était quand même sensé être le cœur du film : WikiLeaks. Il faut vraiment attendre la toute fin du film pour qu’enfin ce « Cinquième pouvoir » se questionne sur ce qu’est ce fameux cinquième pouvoir, et sur ce qu’il implique vraiment pour notre société ! Bref, on est bien loin d’un film révélateur sur notre temps. Au contraire, on a ici clairement affaire à un énième polar de série filmé sous extazy et qui s’est juste contenté de greffer rapidement un sujet d’actualité dessus. C’est navrant.