un superbe blockbuster

J’étais enthousiaste à l’idée de voir une nouvelle version du comte de Monte-Cristo. Le roman d’Alexandre Dumas, dévoré à la lueur d’une lampe de poche, fait partie de ces œuvres qui marquent tout adolescent qui se plonge dans les 1200 pages de ce blockbuster en papier. Ce n’est pas la première adaptation cinématographique du roman qui ne peut être adapté fidèlement ( sauf à en faire une boursouflure de six heures de pellicule ). Il reste l’esprit du feuilleton et de ce point de vue le film est une réussite. Les rebondissements se succèdent, l’image est de facture classique qui évite les dérives des images sursaturées des trois mousquetaires sous cocaïne du camarade Bourboulon produit par le même duo de producteurs. Oublions Dumas pour nous laisser emporter par un scénario qui garde l’essentiel, invente pour raccourcir le roman et laisse un terrain de jeu ouvert au talent des acteurs. De ce point de vue, nous sommes comblés. Les méchants sont juste parfaits sans être des caricatures et leurs travers sont si humains que les personnages en deviennent réels. Et il y a Monte-Cristo bien sûr ! Et quel Monte-Cristo ! Dévoré par sa vengeance au point d’y entrainer ses proches alliés, il en devient lui-même effrayant. C’est cette fine limite entre le « bon » vengeur et les « méchants » affreux qui donne sa profondeur au film et le sort du manichéisme qui aurait été la signature d’une production hollywoodienne. De même que la fin du film qui s’écarte décidément du roman de Dumas ne choque pas, elle s’inscrit dans ce récit librement adapté qui fonctionne en évitant un « happy end ». Que dire de négatif ? Une musique un peu trop envahissante et quelques invraisemblances que l’on oublie vite. À la réflexion, vingt-quatre heures plus tard, ce film a tout pour être un superbe blockbuster promis à une belle carrière internationale.