Le film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Pattellière est une réussite incontestable. L’œuvre est dense mais jamais ennuyeuse malgré les trois heures de projection. Le scénario rend bien hommage à Dumas et à l’esprit du roman, la difficulté étant de s’affranchir de certaines de ses fondations tout en gardant la structure du monument. Le résultat est bluffant puisque la trame est respectée et que l’ensemble tient merveilleusement la route.

L’histoire de ce transfuge de classe malgré lui qui assouvit sa vengeance grâce à cette ascension sociale cruellement miraculeuse est toujours aussi passionnante près de deux siècles après sa parution.

J’ai eu l’impression de voir une grosse production américaine construite avec soin pour partir à la chasse aux Oscars, ce n’est pas péjoratif, je suis sûr que si ce film était « Hollywoodien » il récolterait quelques nominations bien méritées.

Revenons à nos moutons. Ce film est français avec un casting français de grande qualité. Pierre Niney utilise à merveille son physique fluet, à la Pierre Blanchar, sa transformation en Monte-Cristo est probablement la plus réussie, la plus crédible, de l’histoire du cinéma, une crédibilité renforcée par la perfection des maquillages et des costumes. Anaïs Demoustiers amène juste ce qu’il faut d’émotion et de charme. Les méchants se taillent la part du lion : Patrick Mille étonnant en arriviste cruel, Bastien Bouillon un peu effacé en De Morcef et surtout Laurent Lafitte, impressionnant en procureur sans cœur mais pas sans reproches.

Le mien, de reproche, est que le personnage de De Villefort est un peu allégé par rapport au roman où il est l’incarnation, pour Alexandre Dumas, du politicien véreux qui retourne sa veste à chaque changement de régime, personnage très actuel vous en conviendrez. Le De Villefort de Laurent Lafitte est plus un salaud qui porte beau, rôle qu’il a peaufiné dans Au revoir là-haut, qu’un Machiavel d’alcôves qui navigue entre eaux troubles.

La mise en scène est digne d’éloges, hyper soignée, pas de cadrage raté ni d’éclairage défaillant, les plans d’ensemble sont somptueux, les gros plans de même, tous les défauts qui parsemaient Les Trois Mousquetaires (surtout la première partie) ont disparu, le rythme est soutenu sans être enivrant ce qui rend l’action toujours lisible.

Les spectateurs adorent et font la queue pour voir Le Comte de Monte-Cristo, encore une bonne nouvelle pour le cinéma français. L’année 2024 est à marquer d’une pierre blanche, après Artus c’est Alexandre Dumas qui nous offre un p’tit truc en plus et on en redemande.

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le 13 juil. 2024

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