Le Comte n'est pas bon !
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
Par
le 1 juil. 2024
227 j'aime
55
Voir le film
Le film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Pattellière est une réussite incontestable. L’œuvre est dense mais jamais ennuyeuse malgré les trois heures de projection. Le scénario rend bien hommage à Dumas et à l’esprit du roman, la difficulté étant de s’affranchir de certaines de ses fondations tout en gardant la structure du monument. Le résultat est bluffant puisque la trame est respectée et que l’ensemble tient merveilleusement la route.
L’histoire de ce transfuge de classe malgré lui qui assouvit sa vengeance grâce à cette ascension sociale cruellement miraculeuse est toujours aussi passionnante près de deux siècles après sa parution.
J’ai eu l’impression de voir une grosse production américaine construite avec soin pour partir à la chasse aux Oscars, ce n’est pas péjoratif, je suis sûr que si ce film était « Hollywoodien » il récolterait quelques nominations bien méritées.
Revenons à nos moutons. Ce film est français avec un casting français de grande qualité. Pierre Niney utilise à merveille son physique fluet, à la Pierre Blanchar, sa transformation en Monte-Cristo est probablement la plus réussie, la plus crédible, de l’histoire du cinéma, une crédibilité renforcée par la perfection des maquillages et des costumes. Anaïs Demoustiers amène juste ce qu’il faut d’émotion et de charme. Les méchants se taillent la part du lion : Patrick Mille étonnant en arriviste cruel, Bastien Bouillon un peu effacé en De Morcef et surtout Laurent Lafitte, impressionnant en procureur sans cœur mais pas sans reproches.
Le mien, de reproche, est que le personnage de De Villefort est un peu allégé par rapport au roman où il est l’incarnation, pour Alexandre Dumas, du politicien véreux qui retourne sa veste à chaque changement de régime, personnage très actuel vous en conviendrez. Le De Villefort de Laurent Lafitte est plus un salaud qui porte beau, rôle qu’il a peaufiné dans Au revoir là-haut, qu’un Machiavel d’alcôves qui navigue entre eaux troubles.
La mise en scène est digne d’éloges, hyper soignée, pas de cadrage raté ni d’éclairage défaillant, les plans d’ensemble sont somptueux, les gros plans de même, tous les défauts qui parsemaient Les Trois Mousquetaires (surtout la première partie) ont disparu, le rythme est soutenu sans être enivrant ce qui rend l’action toujours lisible.
Les spectateurs adorent et font la queue pour voir Le Comte de Monte-Cristo, encore une bonne nouvelle pour le cinéma français. L’année 2024 est à marquer d’une pierre blanche, après Artus c’est Alexandre Dumas qui nous offre un p’tit truc en plus et on en redemande.
Créée
le 13 juil. 2024
Critique lue 22 fois
1 j'aime
D'autres avis sur Le Comte de Monte-Cristo
Il n'y a pas de bonne ou de mauvaise adaptation, il y en a des fidèles et d'autres qui s'éloignent plus ou moins du matériau d'origine. Et la qualité d'un film, issu d'une adaptation...
Par
le 1 juil. 2024
227 j'aime
55
Il faudrait un jour se rendre compte que, finalement, Alexandre Dumas avait déjà tout compris à notre culture populaire avec plus de cent cinquante ans d'avance : le feuilleton, le revenge movie, les...
le 29 juin 2024
96 j'aime
9
Le Comte de Monte Cristo est une histoire intemporelle et universelle qui traverse les âges sans rien perdre de sa force. Cette histoire d’Alexandre Dumas a déjà été portée plusieurs fois à l'écran...
Par
le 30 juin 2024
56 j'aime
14
Du même critique
Avertissement au potentiel lecteur de cette chronique : J’écoute Michael Jackson, je lis Céline, j’admire Marlon Brando, je revois Les Valseuses avec plaisir, je souris en écoutant les digressions...
le 11 juin 2024
2 j'aime
Au fil de mes chroniques vous avez compris que je déroge souvent à mes principes. Donc, en principe, je fuis comme la peste les films qui relatent les abandons ou les enlèvements d’enfants. Je...
le 27 mars 2024
2 j'aime
2
Ma chronique ne sera pas proportionnelle aux moyens mis en œuvre pour la réalisation de ce deuxième volet gigantesque, que dis-je, pharaonique. Pourquoi me direz-vous ? Mais tout simplement parce que...
le 23 mars 2024
2 j'aime