J'avoue que j'ai longuement hésité entre cette note et celle juste en-dessous, tant le film s'avère souvent inégal, aussi bien sur le fond que sur la forme. Oui mais voilà : si je n'ai pas été totalement séduit par l'entreprise, celle-ci a le mérite d'avoir de la créativité pour cent et de nous proposer tellement de choses inhabituelles que je lui pardonne quasiment tout. C'est que cinq ans après « Valse avec Bachir », Ari Folman se renouvèle sacrément en tentant ce « Congrès » follement audacieux, peut-être pas aussi somptueux que prévu, mais nous proposant beaucoup d'émotions fortes.
Après une première partie à la fois sombre et très émouvante, en disant long sur les nouvelles technologies actuelles et la déshumanisation qu'elles provoquent de plus en plus régulièrement, où Robin Wright est absolument magnifique, virage à 180° dans une seconde partie à 90% animée, à la fois poétique, rêveuse et incroyablement pessimiste, le réalisateur parvenant régulièrement à atteindre plusieurs degrés de lecture, nous faisant ainsi passer de sentiments très différents en l'espace de quelques secondes (à moins que nous les ayons parfois tous en même temps). Le résultat est à l'image de l'animation : pas vraiment belle (quoique), mais envoûtante, surprenante, et surtout d'une liberté totale.
On meurt à la fois d'envie d'aller y rejoindre l'héroïne, et en même temps on n'oserait jamais le faire au vue des conséquences. C'est aussi cela la force de l'œuvre : nous proposer quelques chose d'extrêmement attirant dans un univers on ne peut plus désincarné et inquiétant (on pense à « Brazil »), si bien que malgré une légère frustration, je ne peux que m'incliner la plupart du temps devant cette incroyable expérience. À noter enfin une merveilleuse musique signée Max Richter nous convainquant définitivement de la nécessité et de l'intelligence de l'entreprise : même imparfait, un film d'Ari Folman reste incontournable.