C'est peu de dire que je tardais à revisionner ce film de Pierre Richard, son premier long-métrage, réalisé en 1970. Parce que je connais …
Et je dirais qu'après avoir revu, il y a quelques jours, "Jour de Fête" de Tati puis "le viager" de Pierre Tchernia, l'effet est encore plus désastreux. L'écart se creuse dramatiquement pour le film de Pierre Richard. Ce qui est un comble pour un film comique.
Pierre Richard est un excellent acteur … quand il est mené et encadré par un cinéaste qui s'appuie sur un scénario et qui s'y tient. C'est le cas de Francis Veber, Claude Zidi, Yves Robert, Gérard Oury et certainement d'autres.
Là, le drame (encore), c'est qu'en étant le "patron", Pierre Richard a dû croire qu'il pouvait tout se permettre.
Et pourtant, pour le scénario, il s'est fait aider de cet excellent romancier André Ruellan (plus connu comme Kurt Steiner par ses romans de SF). Alors, on peut s'interroger s'il était la bonne pointure pour un film comique ?
Mais de toute façon, quelque soit la qualité du scénario, encore faut-il que l'acteur ne déborde pas son rôle. Et là, à voir les gags qui s'étirent indéfiniment que ce soit la scène initiale en plein carrefour au milieu des voitures ou dans la société de pub où il n'en finit pas de monter et descendre les escaliers, on commence par ne pas sourire et on finit par franchement s'agacer.
Quant au sketch complètement usé de la planche de plusieurs mètres en pleine rue, même Buster Keaton ou Charlot ou Laurel et Hardy n'auraient pas osé faire durer le sketch aussi longtemps. D'ailleurs, c'est à ça que je mesure l'utilité et la présence d'un cinéaste qui bride l'acteur ou qui, au montage, raccourcit la scène en choisissant les bons plans.
La distraction, me direz-vous ? Il faut bien montrer qu'il est distrait, l'animal ! Eh bien, il suffit de comparer deux films, celui de Veber qui met en scène un Pierre Richard distrait dans "la chèvre" pour constater la différence. Dans un cas, on a affaire à des gags bien montés, pas répétitifs et par conséquent efficaces à comparer aux quasi invraisemblables gags de ce film.
Tout n'est pas complètement mauvais dans le film de Pierre Richard. Quand par exemple, il apporte un "sang neuf" à l'agence de publicité même s'il met les pieds dans le plat par négligence ou en imaginant des sketches de pub terrifiants conduisant à des manifs contre la société de publicité.
La distribution. Passons sur l'aspect "one man show" du film où Pierre Richard s'est copieusement servi. C'est un travers de bien des films comiques d'axer le succès sur l'acteur ou le rôle principal, tous les autres acteurs servant de faire-valoir. Et en général, ce sont, comme par hasard, des films que j'apprécie peu ou qui me lassent très vite. Notons que les deux films cités plus haut accordent une large place aux seconds rôles.
Là, Pierre Richard avait la chance ou l'opportunité de faire autrement puisqu'il disposait d'acteurs de gros calibre comme Yves Robert, Bernard Blier, Maria Pacôme, Jacques Monod, François Maistre, etc. Le film aurait eu une autre allure si chacun de ces acteurs avaient eu un rôle plus conséquent, plus présent, qui aurait aidé à contingenter un peu Pierre Richard.
À condition, bien sûr que ce dernier veuille bien leur laisser de l'espace …
Pour finir, "le distrait" est un film où je m'ennuie régulièrement, où je ne rigole ni ne souris pratiquement jamais, où les gags, quand ils ne sont pas carrément éculés ou téléphonés, sont trop régulièrement répétitifs et mauvais.
Pourtant, il y a des bonnes idées et il aurait suffi d'un peu discipline ou de rigueur pour en tirer quelque chose de mieux, de plus sympathique.
Le prochain à commenter, c'est "les malheurs d'Alfred" … Mais comme je ne suis pas maso, on va laisser passer quelque temps, hein … !