Ce film de Yasujirô Ozu est une belle évocation des rapports mère-fils, doublée d’une réflexion émouvante sur la condition des gens modestes. Petites mains travailleuses derrière des rouets qui tournent indéfiniment.
Le fils Unique possède les qualités du cinéma de ce grand maître du 7ème art. Picturales d’abord, avec ces scènes d’intérieur filmées à hauteur de tatami, belle formule critique éprouvée et tellement caractéristique, ces plans séquences de passage du temps comme des natures mortes et toujours ce souci de ne jamais tomber dans la facilité et les bons sentiments, chez Ozu toute émotion naît naturellement.
Sorti en 1936, Le Fils Unique est le premier film parlant du maître japonais. Dorénavant les dialogues, souvent délicieusement futiles, feront place à des silences évocateurs qui font mouche à tous les coups, ou comment faire naître des émotions par l’évidence des regards gênés, des sourires ou des larmes sur des visages.
L’humour est, malgré la teneur situationnelles souvent dramatique des sujets qu’il traite, toujours présent dans l’œuvre d’Ozu, il dit beaucoup sur la futilité de l’existence et des tracas qui l’accompagne, pour ne retenir au final que ces instants en suspend où le bonheur et la joie de vivre se retrouvent dans des petites bien-être intériorisés.
Les longs plans séquence évoquant la dilatation du temps, le passage d’un train, les nuages qui défilent dans le ciel, le hors-champ dynamisé par les sons, sont une marque de fabrique caractéristique du cinéma japonais, cette fameuse mise en scène contemplative, qu’utiliseront la plupart des grands cinéastes nippons. On peut dire qu’Ozu en sera probablement le meilleur ordonnancier, tellement cette figure de style, si l’on peut ainsi la définir, sera présente dans son œuvre comme une manne curative laissant au spectateur le temps de méditer sur la portée des images.
A noter que Le Fils Unique propose probablement l’une des scènes figées les plus longues de sa filmographie avec un plan fixe de prêt d’une minute où seuls les sons et la lumière la font évoluer.