"Les merveilles", c'est ce petit beignet qu'on mange le jour du mardi-gras. Enfin, c'était vrai quand j'étais gosse … sauf que c'est "les merveilles" dans le sud, "les bugnes" du côté de Lyon et "les guenilles" en Auvergne … Par exemple, ma grand-mère faisait toujours, à mardi-gras, des "guenilles" brûlantes et sucrées, fondantes, un délice, mmmhh …
Justement, l'action du film "le goût des merveilles" se passe dans la région de Nyons, au sud de la Drôme, au milieu d'immenses vergers.
C'est l'histoire d'un jeune homme atteint d'un autisme "asperger" qui rencontre fortuitement une arboricultrice veuve, mère de deux adolescents et en proie à de grosses difficultés financières. Il s'installe chez elle parce qu'il s'y trouve bien en dépit de la réaction épidermique de rejet de la part de la petite famille.
"on ne peut pas débarquer comme ça dans la vie des gens. C'est pas comme ça que ça se passe".
Puis peu à peu, le jeune homme, aidé par son mentor, un vieux bouquiniste humaniste (est-ce un pléonasme ?), gagne la confiance de la jeune femme et de ses enfants. J'aime la définition qu'il donne du trouble psychique dont le jeune homme est atteint qui le rend différent :
"Il est honnête, fiable, fidèle, ne ment jamais, ne veut du mal à personne, ne s'intéresse pas à l'argent, en effet, il est différent de la plupart des gens"
N'étant absolument pas spécialiste de ces troubles que sont l'autisme, je ne me risquerai certainement pas à commenter la vraisemblance ou pas de ce qu'on voit dans le film. J'ai lu que le cinéaste Eric Besnard (au passage, c'est le fils de Jacques Besnard …) s'était fortement documenté sur la question. Je lui fais donc confiance. Ce qui me parait très important ici, c'est plutôt le rapport que les gens peuvent avoir face à quelqu'un de différent et l'évolution possible de ce rapport. En un mot, l'esprit de tolérance.
Je n'ai encore lu aucune critique sur ce film mais j'imagine déjà les cris d'orfraie sur l'angélisme, la niaiserie ou encore la mièvrerie. Je lirai ça tout-à-l 'heure. Et c'est aussi, indéniablement, une façon d'approcher ou de rejeter le film que je peux admettre.
En ce qui me concerne, j'ai bien aimé cette fraîcheur dans les sentiments. J'ai bien aimé cette façon, finalement banale et réaliste, de (vouloir bien) trouver un point d'accroche entre deux personnes, de combler un vide chez l'un ou chez l'autre, de se donner la possibilité de construire finalement sur la base de deux personnes meurtries par la vie.
J'ai bien aimé cette mise en scène tranquille, un peu nonchalante peut-être mais si paisible.
J'ai bien aimé les jeux des trois acteurs principaux …
Virginie Efira que je ne cesse de découvrir, avec ravissement !
Benjamin Lavernhe dans un véritable rôle de composition, impressionnant !
Hervé Pierre, le bouquiniste, émouvant dans son humanisme terre à terre, plein de respect et silencieux
C'est la vie telle qu'elle devrait être, telle qu'elle pourrait être. C'est un film qui mérite que je le classe parmi mes films "capraesques"