Henri VIII (Jude Law) n’est pas exactement ce qu’on pourrait appeler un souverain bienveillant. En 1543, Catherine Parr (Alicia Vikander) n’ignore pas le passif du roi d’Angleterre lorsqu’elle l’épouse mais espère bien ne pas finir comme ses cinq prédécesseures (deux répudiées, deux décapitées, une décédée en couches). Cette sixième femme se distingue des autres par sa douceur, son intelligence et sa pugnacité mais aussi par son progressisme : Catherine Parr est une réformatrice. Son combat ? Diffuser la Bible en anglais et non en latin. Son point faible ? Une ancienne amitié avec Ann Askew, révolutionnaire protestante ciblée par la couronne et l’évêque Etienne Gardiner. C’est dans cette Angleterre à la croisée des chemins, entre l’obscurantisme religieux et la modernité, que Catherine Parr tente de déjouer les pièges tendus par la cour et son despote de mari.
Cette partie d’échecs médiévale sur grand écran a pour titre français Le Jeu de la Reine et est signée du réalisateur brésilien Karim Aïnouz. Le cinéaste cherche ici son grand récit féminin émancipateur, porté par une puissante Alicia Vikander et un cabotin Jude Law. Il ne parvient à l’atteindre que par touches, notamment lors des quelques scènes de cour. Le reste du temps, Karim Aïnouz livre surtout un énième film en costume ne s’intéressant qu’aux puissants terrés dans leurs châteaux plutôt qu’aux marginaux et au peuple en mouvement. Une redite en moins bien de la palanquée de longs métrages récents s’attaquant au même thème (Le Dernier Duel, Outlaw King ou Marie Stuart, Reine d’Écosse).