C'est drôle comme je trouve « Le Loup de Wall Street » à la fois particulièrement réussi et un peu raté. D'un côté Martin Scorsese démontre une fois encore sa maestria technique à plusieurs reprises, nous offrant quelques scènes appelées à devenir cultes, dont celle avec Matthew McConaughey qui risque de faire date, sur laquelle le film pourrait presque s'arrêter tant tout y est dit. D'ailleurs, toute la première partie est vraiment réussie, soit celle concernant l'ascension de notre « héros », interprété par un impressionnant Leonardo DiCaprio. De plus, on apprécie la volonté du cinéaste de faire une œuvre à l'image du milieu qu'il décrit : tonitruante, hystérique, vulgaire. Ce parti pris très « sexe, drogue et pognon » fonctionne bien un temps, mais souffre d'un réel problème : sa durée.
Car il y a facilement une demi-heure de trop ici, au point qu'on s'étonne que Scorsese, maître de la (dé)mesure habituellement, se laisse aller à autant de longueurs, certains passages n'en finissant pas. Le pire (façon de parler), c'est que tout ce que vous avez dû entendre de positif sur « Le Loup de Wall Street » est probablement vrai, notamment dans sa façon de presque montrer la fin d'une civilisation, en tout cas la faillite totale de toute morale, un monde où il n'y aurait plus aucune règle, plus aucune humanité, juste des mecs s'enrichissant sur le dos d'autres personnes de façon totalement lucide et assumé. Reste qu'à la fin j'en avais un peu marre, même si ma fatigue a malheureusement peut-être pesé dans ce constat légèrement amer. Après, ne vous y trompez pas : cela reste un vrai bon film, incisif et techniquement très moderne, mais pour lequel une durée aussi importante ne se justifiait pas forcément. À revoir toutefois d'ici quelques temps, surtout dans une forme plus optimale...