Suite et pour l'instant fin de mes avis négatifs à propos de films qui d'une façon générale ont rempoté un vif succès.
Avec cette histoire vraie de l'ascension et de la chute d'un ancien courtier tombé pour fraude et arnaque, Martin SCORSESE aurait pu, comme il sait si bien le faire avec ses histoires de mafieux, nous proposer une fresque épique et enlevée. Il n'en est rien.
La mise en scène multiplie les effets racoleurs et le montage frénétique dissimule mal un manque d'inspiration rarement vu chez l'un des réalisateurs phare d'hollywood. Ce film hurle, il est épuisant, pour ne jamais servir un propos bien clair ou une prise de position définie.
Leonardo DiCAPRIO y est certes une fois de plus admirable et tient le film sur ses épaules, mais cela ne suffit pas selon moi à justifier toute la publicité faite autour de ce film.
Mais au-delà de l'aspect formel du film, c'est sur le fond que je suis le plus réservé, pour ne pas dire en colère d'où ma note très sévère (consultez sur mon profil mon système de notation).
Je n'ai rien contre les histoires de salauds, à condition qu'elles soient racontées soit avec du recul et laissent au spectateur la latitude de choisir s'il fait de ce sale type une icône infréquentable mais bénéficiant quand même d'un capital sympathie ou vivant sous une morale discutable mais à laquelle il se tient, typiquement ce qu'un film comme Les Affranchis (1990) fait, soit il faut montrer de façon nette et sans ambiguïté les conséquences pour le personnage ou la société des actes de ce dernier. Hors ici, le film hésite entre ces deux positions.
Durant quasiment tout le film on suit les frénétiques et amorales aventures d'escroc patenté de Jordan Belfort (dont les mémoires servent de base au film) sans que jamais ses actes et leurs conséquences sur la société ne soient dénoncés. C'est cela qui me dérange principalement ici, on ne parle pas de quelques gangsters dont la vie discutable n'interfère finalement que dans leur milieu, on parle d'un mec et de quelques autres issues de son monde bien pourri, qui peuvent littéralement mettre à la rue des personnes ou fragiliser l'économie réelle et provoquer de véritables crises systémiques. J'aurais aimé que cet aspect soit mentionné et que Scorsese ne se contente pas de juste nous dire que son personnage a quand même été condamné à quelques mois de prison, aux vues des sommes détournées c'est un minimum.
Je ne dirai rien sur la consommation de drogues et d'alcool en termes de morale, j'estime que chacun fait ce qu'il veut, en revanche lorsque cette consommation entraîne des choix et des décisions faits en totale roue libre, qui peuvent à ce point impacter le monde, je trouve là aussi qu'un autre choix de scénario aurait du être pris.
Voilà je déteste ce film, pour ce qu'il encense, ce qu'il dit de la morale d'hommes et femmes complètement inconscients et à la puissance dévastatrice, je le trouve en plus nimbé d'un relent misogyne mal venu.
Jordan Belfort n'est ni un héros injustement puni, ni un bonhomme de la pègre qui assume à son niveau ses choix, c'est juste un escroc de haut vol qui a précipité avec d'autres dont on ignore tout quelques unes des crises majeures que le monde subit, et se fendre d'un biopic à ce point conciliant me dérange.
Sûrement une conscience politique trop exacerbée.