Un petit cave fils d'irlandais parvient à se faire accepter par la sicilienne family du gangstérisme et c'est plein de jubilation qu'il se donne à fond dans la quête du fric pour la vie facile, entouré d'une bande de potes aussi fêtards/queutards que lui, ah merde, stop stop stop je me goure de film...
Jordan Belfort est bien un petit cave mais il fait son trou dans la mafia de Wall Street par la bande, en vendant des actions de petites sociétés de merde à des minables qui croient dur comme fer que le rêve américain leur appartient à eux aussi. Le pire c'est qu'il fait fortune avec ça.
Cela semble si facile vu du film, avoir la tchatche, des techniques de vendeur, en vouloir à mort, passer sa journée au téléphone à convaincre des gogos, dont on se fout comme de l' an 40 et fonctionner dans l'énergie d'une meute de loups, .
La soif de fric s'étanche par l'achat compulsif de signes extérieurs de richesse, l'ivresse de gagner du fric attise celle de se droguer pour être plus performant d'abord, pour rester dans le mood ensuite, et comme il faut bien relâcher la tension d'une façon ou d'une autre : baiser comme un lapin est de l'ordre de la survie pour ces Duracells sans cervelle forçats de la Bourse.
Scorcese en totale roue libre, comme s'il faisait son dernier film, comme s'il voulait retrouver le trip des Affranchis et de Casino, Scorcese en drogué repenti qui regrette ce bon vieux temps de la dope où il était une version surpuissante de lui-même, filme sans retenue et en même temps avec beaucoup de distance.
On ne voit presque pas la différence entre le film promotionnel de Stratton Oakmont et le sien ( et il le sait très bien ). Il n'y a ni empathie ni envie d' en découdre avec cette bande de connards demeurés, la preuve le mec du FBI semble presque un pauvre type que l'on plaint quand il rentre le soir dans son métro de merde après son boulot de mouche à merde.
Le délire de Martin serait une ode à la démesure enfantine, celle du rêve américain dont il a atteint le sommet du reste et que de là-haut il s'amuse à dézinguer, mes enfants c'est que du vent ce rêve, qui pue le pet et la bière. Avec sa bite et son couteau, ce boy scout de Jordan Belfort est devenu un loup de foire qui fait le show plus qu'autre chose.
Di Caprio déjà livrait une performance du même acabit, avec cette différence que son personnage dégageait un certain mystère, on se demandait pourquoi il était comme ça, on essayait de percer sa carapace, découvrir son secret, son "Rosebud" de Citizen Kane.
Là Scorcese ne cherche rien du coté de Belfort car il sait combien il n'était en réalité qu'un minable doué qui a profité un max des années reaganiennes.
Henry Hill nous touchait réellement avec sa fierté et sa rage de s'en sortir puis de survivre, Sam Rothstein en imposait par sa posture de Boss dont l'armure se fendille, pris dans un dilemme tragique entre flics , mafia et femme qui causera sa perte.
Ici rien de tout cela, Margot Robbie est une poupée barbie pénible écrasée à plate couture par Sharon.
Pas de Nicolas Pileggi en coulisses pour lui livrer clef en main un bouquin avec un tant soit peu de distance tragique, ici Scorcese a dû se contenter de filer du blé au blaireau Belfort pour torcher sa fresque comico-pathétique.
Scorcese touche au côté enfantin des américains, autrefois décrit en son temps par ce bon vieux Jules Verne, il dépeint des abrutis joujouant à gagner des ronds, qui ne nous touche pas, et nous lassse(sic). Et dans ce concours d'égo, Di Caprio n'est pas en reste s'amusant comme un petit fou, l'enfant qu'il est resté au milieu du putain de star system.
Reste des orgies d'anthologies, des ralentis de folie, et des moments d'impitoyable dinguerie, Jonah Hill t'es couillu comme connard mec, Di Caprio j'adore ta gueule tordue de bébé rampant ( dommage qu'il se soit pas chié dessus en plus ) mais tout cela est d'un vain, d'un vain...
Festival de Vanités au royaume de New York city, Manhattan, Wall Street. A un moment Belfort pour motiver ses troupes leur dit d'être des "putain de terroristes", et là je me suis dit, putain j'aurai bien aimé les voir crever dans les Tours, ces demeurés enfoirés.
Ah merde, c'est politiquement incorrect peut être?
J'aurai pas dû écrire cette critique sous Quaalude, non j'aurai pas dû mais je suis raccord avec le sujet au moins!
PS: Toujours aussi cinéphile Martin, tu as bien pompé le meilleur chez Quentin ( ton successeur?), je pense ici à la constitution de la bande d'abrutis qui entoure ton Louloup, bravo!