« Vous êtes dangereux. Votre film est une tentative imprudente prétendant que ces histoires sont divertissantes, quand bien même le pays est encore sous le choc d'une autre série de scandales liés à Wall Street. Qu'est-ce qui est censé nous amuser là-dedans ? Les escapades sexuelles de ces faux banquiers et ces crises de boulimie à la coke ? Soyons honnêtes, c'est ce type de comportements qui a mis l'Amérique à genoux ». Tels sont les mots de Christina McDowell envoyés à DiCaprio et Scorsese, la fille de Tom Prousalis, ex-associé de Jordan Berlfort (Leonardo DiCaprio à l'écran) envoyé au trou en même temps que son collègue à la fin des années 90 pour business frauduleux. Pour la petite histoire, Tom Prousalis a volé l'identité de sa fille et lui laissa environ 100 000 dollars de dettes quand il fut envoyé en prison.
J'ai envie de dire : « Eh c'est un film !!! Et si tu étais un peu plus attentive, tu te rendrais compte que c'est carrément l'inverse que Scorsese tente de montrer !!! »
En véritable orfèvre, Scorsese réussit à allier dans un même mouvement l’euphorie et la frustration. En accumulant et étirant les scènes de fête et de défonce jusqu’à l’absurde, il donne à son film un aspect très fortifiant et épuisant. Alternance de séquences très construites et de longues séquences dialoguées en champs/contre-champs, le film possède un rythme boitant qui rend très bien compte de cette répétition sans fin et absurde. En filmant Jordan Belfort comme un diable insatiable et impuissant, Scorsese explore profondément une forme de tristesse du vice.
Quant à DiCaprio, il est extraordinaire dans la peau de ce personnage comique et dramatique. Il n’aura jamais offert son physique de « vieux jeune » à un personnage aussi immédiatement diabolique. Evidemment, il est parfait, prodigieux, performant, séduisant, traître : le parfait diable à qui tout réussit. Sans oublier ses partenaires, Jonah Hill et Matthew McConaughey entre autres littéralement au diapason.
En trois heures menées tambour battant, Scorsese nous livre un film punk rock suivant ce séducteur en diable, qui enchaîne lignes de coke, orgies et pétages de plombs, sous une pluie de dollars. Un film dont on sort complètement groggy.