Parmi les nombreux Bebel vus et adorés dans mon enfance, il existait dans mon esprit une confusion entre "Le marginal" et "Le solitaire", en raison de leur sortie à 4 ans d'intervalle dans les années 80, avec à chaque fois Jacques Deray derrière la caméra.
Après les avoir revu récemment l'un et l'autre, plus de confusion possible désormais, en dépit de leurs nombreux points communs (propres à la plupart des polars commerciaux avec Belmondo) : "Le marginal" est en effet bien supérieur à son successeur, sur tous les plans.
Déjà, la réalisation de Deray est meilleure, bien plus nerveuse, avec encore un certain nombres de cascades (quasi-absentes du "Solitaire") effectuées par Bebel himself, certes vieillissant mais encore bon pied bon œil, malgré un look djeunz des plus douteux (bombers kaki ; veste en cuir et mocassins...).
D'autre part, Michel Audiard est encore aux commandes des dialogues, ce qui nous offre quelques répliques cultes comme à la grande époque - même si clairement moins nombreuses.
Puis le ton du "Marginal" se veut assez sombre, avec un personnage principal qui lorgne du côté de l'inspecteur Harry version franchouillarde, sorte de flic borderline et vengeur peu respectueux de la procédure (c'est le moins qu'on puisse dire), évoluant dans un Paris interlope, entre squatt antillais, boîte gay et salle de jeu asiatique.
On nous évite ainsi le coup du marmot blondinet du "Solitaire", même s'il faut tout de même se farcir la bluette avec la pute brésilienne (véritable petite amie de Belmondo IRL).
Finalement, hormis la post-synchronisation foireuse et les quelques énormités inhérentes au genre, le plus gros défaut du "Marginal" concerne le scénario, qui semble avancer un peu au hasard, entre poursuites en ville et bagarre gratuite, avec pour principal objectif de mettre en valeur la star.
Quoi qu'il en soit, j'ai passé un bon moment devant ce divertissement sans grande prétention, entre sourire et nostalgie, et avec le plaisir de retrouver des seconds rôles savoureux, tels que Pierre Vernier, Roger Dumas, Michel Robin ou Claude Brosset, sans oublier la sale gueule de l'américain Henry Silva dans la peau du méchant trafiquant.