Le retour des tripes, assez !
Je dois avouer qu'en voyant le titre, ça m'avait l'air d'un bon bousin, puis en lisant le résumé, quelques débuts d'avis, en découvrant que l'héroïne est rousse... Allez, banco.
Grand bien m'en a pris. "Le massacre des morts-vivants" ne possède finalement que son titre de ridicule et si l'on passe outre, on risque de passer un fort bon moment, à condition d'aimer les tripes. Et la casquette gavroche du héros.
Nous voilà donc en pleine campagne anglaise, où un jeune citadin et son couvre-chef pré-cité (George), après avoir fait la rencontre fortuite d'une jeune citadine pré-pré-citée (Edna. Mais si, la rousse. Suivez, bon sang de bois !) va devoir sauver sa peau et échapper à une horde... bon, à une demie-douzaine de zombies. (1)
On comprend dès le départ que tout est la faute du gouvernement qui n'a rien trouvé de mieux qu'inventer une machine à ultra-sons qui tue tous les insectes à cinq kilomètres à la ronde. Alors c'est pas bien et pas écolo, mais c'est pour le plus grand bien de la production locale de cidre, donc on peut comprendre. C'est bon le cidre. Le bémol étant que la machine influe également sur les systèmes nerveux des mort ayant rendu l'âme récemment et les ramène à la vie. Enfin la mort-vie. (2)
Cette ambiance bucolique et sympathique est quelque peu entachée par un buté inspecteur de police, qui enquêtant sur les premiers meurtres, ne croit bien évidemment pas à une histoire de morts-vivant ressuscités par ce qu'il doit prendre pour du papier tue-mouche perfectionné. Lui suspecte plutôt George et Edna de ces exactions. Bah oui : ils viennent de la ville, lui a les cheveux longs... sûrement des hippies satanistes et drogués ! C'est qu'on la lui fait pas à l'inspecteur Barnaby ! (3)
Voilà, l'histoire est posée, elle ne brille pas par son originalité ni les personnages par leur profondeur. Le héros est rebelle parce qu'il n'aime pas les flics, le flic est un salaud parce qu'il est flic et l'héroïne est bébête et préfère crier et gémir lorsqu'elle est attaquée plutôt que de fuir car c'est une fille. Là.
Mais au-delà ça, le scénario, simple certes, tient parfaitement la route et est bien construit ce qui fait que le film fonctionne. Et ces personnages assez clichés sont tous tenus par de bons acteurs, crédibles.
Le vrai point fort du film, c'est son ambiance. Dès le début, alors que rien ne s'est encore passé, un certain malaise s'installe et par la suite, lorsqu'il faudra faire monter la tension, créer l'angoisse, le réalisateur Jorge Grau ne faillira point. Il nous sert ici l'archétype du zombie : (très) lent, l'air con comme un manche à balai et surtout que rien ne semble pouvoir arrêter. Il y a quelque chose de terrifiant dans cette lenteur, comme si la mort était si inéluctable qu'il ne sert à rien de se presser.
Toutes les scènes où ils entrent en jeu fonctionnent parfaitement.
Dernier point positif, le soin apporté à la mise en scène. La photographie, bien que sobre est tout de même très soignée ce qui, il faut bien l'avouer, n'est pas toujours le cas dans des films de ce genre.
Ce film est tombé injustement dans l'oubli en fait, si vous aimez les zombies (ou le tweed) vous devriez le voir, c'est une bonne surprise. (4)
(1) Scuzez mais ce n'est que le début de l'invasion donc il leur faut un peu de temps pour étoffer leurs rangs. Ce ne sont pas des lapins. (lapin... zombie... je crois que je tiens un scénario béton)
(2) Bref, tout le monde a déjà vu un zombie donc voit parfaitement de quoi je parle. Parle pour ne rien dire du coup. Bref².
(3) En fait, le dit inspecteur n'a rien à voir avec Barnaby, car bien que mes connaissances sur le fleuron de la police britannique soient je l'avoue, assez limitées, il ne paraît pas homme à balancer des taloches à vous décoller les molaires aux suspects qui l'irritent. Je souhaitais juste par cette allusion "so cup of tea" vous rappelez l'ambiance campagne anglaise, prés vert et Austin mini, tweed de partout, etc.
(4) La vraie surprise c'est... il ne pleut pas une seule fois ! ON NOUS MENT.
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