Whirlpool
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L'Otto Preminger qui nous est familier portraiture des femmes plutôt que des hommes : Laura, Catherine II, Ambre, une modéliste (Femme ou Maîtresse), une comtesse (La Dame au manteau d'hermine), une lady (Windermere), une manipulatrice (Un si doux visage), une actrice (La Lune était bleue)...
Quand il met des hommes sur le devant de la scène, quand il en fait les héros de ses films, ce sont en général de bons bougres... sauf dans Whirlpool : le méchant de notre Preminger se trouve ici.
Il s'agit d'un soi-disant toubib qui, prétendant soigner une belle et riche cleptomane (Ann), s'ingéniera en réalité à l'impliquer dans de noirs desseins.
Les toqués de psychologie des profondeurs trouveront certainement leur compte dans cette indigeste marmelade (il suffit par exemple, comme dans Whirlpool, de leur coller des miroirs sous le museau pour qu'ils s'excitent et se mettent à délirer doctement).
Les dingos de sociologie auront là eux aussi un osselet à ronger --- et dieu sait s'ils parviennent à festoyer à partir de trois fois rien --- avec la représentation de la femme au foyer américaine au lendemain de la Seconde guerre.
Quant aux amoureux du cinéma (notamment de celui de Preminger), ils feront légitimement la fine bouche.
Ç'a beau en effet être élégant, comme (presque) toujours chez le réalisateur d'Angel Face, les deux acteurs principaux ont beau être séduisants, sophistication et professionnalisme ne parviennent pas à contrebalancer un récit alambiqué, parfois à la limite du ridicule.
Le Dr Korvo qui s'auto-hypnotise, c'est diablement gratiné.
Le parfum de Laura (1944) y est par ailleurs trop entêtant ; pas seulement en raison de la présence de Gene Tierney et d'une atmosphère qui, cinq ans après, nous replongent donc dans les effluves du plus célèbre film de Preminger : la scène où Ann se retrouve sous la peinture d'une défunte est un clin d’œil un tantinet balourd.
Et puis, comme déjà dit implicitement à propos d'Old Boy --- ce film pour gogos non-bridés ---, soulignons que recourir à l'hypnose est un artifice de scénariste nul ou paresseux.
Le mot de la fin à la critique Pauline Kael, affligée elle aussi par l'intrigue de Whirlpool et qui dans 5001 Nights at the Movies suggérait férocement qu'un des deux scénaristes, Ben Hecht, avait pris le pseudonyme de Lester Barstow, « hiding in shame »...............
En fait Hecht se planquait parce qu'il était sur la Liste noire
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le 2 sept. 2021
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