« The Pirate » que Vincente Minnelli réalisa en 1948 est un menu-dégustation de toute son œuvre musicale. Dans un décors de carton pâte aux couleurs sublimées, Serafin (Gene Kelly) se fait passer pour le célèbre et redouté pirate Macoco dont rêve secrètement la belle Manuella (Judy Garland) dont il est amoureux mais promise au bien terne et ventripotent Don Pedro (en fait le vrai Macoco, qui se cache sous cette fausse identité). Ainsi les trois personnages centraux se font tous passer pour ce qu’ils ne sont pas et c’est par la magie du spectacle que viendra la révélation. « The world is a stage and the stage is a world » (le monde est une scène et la scène est le monde) chanté dans « The Band Wagon » (Tous en scène) s’annonce déjà dans cette recette maitrisée et magnifiée par « Be a Clown » (qui fera le tour du monde) dans un final époustouflant qui annonce déjà les grands numéros des futurs réalisations du cinéaste. Jusque là, il faut reconnaître que le film est davantage sauvé techniquement par décors, photographie et excellente musique de Cole Porter, illustrant brillamment un scénario qui ne l’est pas non moins où la forme esthétique raffinée de Minnelli s’accorde parfaitement au fond. La plupart des numéros sont pauvrement chorégraphiés, l’hypnose et chant de Judy Garland exceptés. Conçus par Gene Kelly, ils sont souvent plus athlétiques qu’élégants, plus près de la performance gymnique que de la grâce d’un ballet. Néanmoins, malgré ces quelques réserves « The Pirate » est une œuvre majeure qui annonce tous les grands Music Hall du maître.