On a clairement connu Sidney Lumet plus subtil dans sa démonstration, la lourdeur dont il fait régulièrement preuve ici empêchant clairement le film de prendre une autre dimension. Néanmoins, il serait injuste de limiter l'œuvre à ce seul aspect. Aussi pénible et appuyé soit tous ces flashbacks et parallèles avec la Shoah, reconnaissons à Lumet un vrai courage d'aborder la question en présentant un rescapé juif souvent antipathique, d'un égoïsme sidérant et rejetant presque tous ceux lui témoignant de l'affection. Il est d'ailleurs toujours intéressant d'observer ses réactions, son comportement, son discours, parfois vraiment imprévisible et pas forcément toujours où on l'attend, d'autant qu'il est interprété par un Rod Steiger monstrueux.
De plus, l'auteur de « 12 hommes en colère » montre quelques belles inspirations, notamment cette étonnante musique jazzy signée Quincy Jones en totale contradiction avec l'univers qu'il décrit, des silhouettes venant rythmer le quotidien de Sol ou cette volonté de rendre constamment crédible l'évolution de cet anti-héros à travers différentes phases bien décrites. Une œuvre relativement mineure dans la carrière du cinéaste, mais ayant le grand mérite de l'audace et de ne pas laisser indifférent : voilà qui est important à souligner.