C'est Wall-E en moins bien avec 15 ans de retard. Mais pas que, le film reste effectivement intrigant sur pas mal de points, et tout dépend si on le considère au premier degré, ou comme une fable métaphorisant les rapports inter-humains.
Je me permettrai d'abord de le considérer au premier degré. On a affaire à une robote qui essaiera de communiquer avec les animaux, notamment grâce à son algorithme d'apprentissage qui lui permet de les comprendre ainsi que de parler avec eux, comme ce que l'on peut espérer avec l'intelligence artificielle et les grands modèles de langage (LLM). On pourrait ici y voir là un plagiat du livre "Les Fourmis" (avec le concept de la pierre de Rosette), livre que DreamWorks avait déjà en partie plagié avec le film "Fourmiz", un presque retour aux sources parmi les films pionniers du studio. Mais malgré les grandes capacités d'analyse de la robote, elle semble quand même un peu trop con, et ne comprend pas l'intérêt de choses simples comme le câlin. On pourrait penser que cela est parce que son programme a été entrainé, ou contraint, à adopter de telles postures, et non d'autres. C'est presque tout le sujet du film, puisque l'un de ses "objectifs" est de passer outre ses contraintes, et de passer outre les indications de ses programmeurs. Et c'est là que le film commence à devenir louche, car la manière dont est dépeinte cette étape-là est purement bienveillante, où la gentille robote veut sauver les animaux des méchants robots (pour faire simple), mais la robote aurait pu tout aussi bien faire le contraire, et sortir de ses protocoles pour torturer tout le monde. C'est d'ailleurs l'une des problématiques des grands modèles de langage à l'heure actuelle, c'est que l'on a un peu du mal à les contraindre, et leur comportement se révèle parfois malveillant ou trompeur. Après, peut-être que ce film utilise ses notions sans vraiment penser à ces choses-là, mais nous sommes dans un contexte dans lequel ces choses importent énormément. Ici, on a une robote qui casse les contraintes qu'on lui a imposées pour sauver des animaux, alors qu'en réalité, c'est l'une des plus grandes menaces contre l'humanité.
Mais outre ce paragraphe hors sujet sur l'intelligence artificielle, c'est surtout un film qui parle d'altruisme, de bienveillance envers son prochain, alors effectivement le film met en avant des animaux ensemble, alors qu'ils sont prédateurs et proies, c'est un peu osé, mais il ne se cache pas d'une telle absurdité. L'idée est de se libérer de ses préjugés pour accepter l'autre, avec ses différences et ses défauts. C'est beau non ? Mais bon, ne nous le cachons pas, je ne suis pas spécialement fan de la robote, pas aussi mignonne que Wall-E avec ses petites pinces, qui réussissait à communiquer bien plus sans passer par des dialogues discontinus. Mais le côté un peu obtus de la robote qui comprend mal les préoccupations des animaux est assez rigolote, avec sa manière de considérer les choses de manière premier degré (comme moi au paragraphe précédent), où elle comprend que "l'humour est basé sur l'infortune". Le film possède quelques répliques assez drôles comme "Je t'interdis de mettre ta queue dans l'œil de ta sœur", bon ça, c'est surtout une localisation française malheureuse. On peut aussi parler de l'inconsistance des péripéties, notamment la manière dont le vilain petit canard devient respecté par tous, dans une scène sans absolument aucun contexte et totalement gratuite, qui commence et se termine dans le vide scénaristique.
Bref, c'était un peu mignon, bien qu'un peu grossier, quelques scènes sont assez touchantes, mais dans un film qui tente tant bien que mal de coudre ses fils blancs d'un scénario qui manque de consistance et qui semble assembler à l'emporte-pièce.
Et on va tous mourir putain.
(Vu le 19 octobre 2024 en VF au cinéma)