Alors que la Nouvelle Vague commence déjà à l’époque à tuer le cinéma français à petit feu, les grands seigneurs formalistes comme Melville continuent malgré tout à enrichir notre patrimoine d’œuvre aussi abouties que celles-ci. Le Samouraï est peut-être le plus bel exemple de ce cinéma d’esthète ouvert sur le monde puisqu’il s’inspire d’un vieux film japonais dont il se veut une libre interprétation. Par ce film, Melville établit un pont plus qu’évident entre son cinéma et la culture nippone. Minimalisme dans les paroles, rigueur dans les plans et les cadres, puissance à travers cette légèreté et cette élégance en rupture permanente avec cet univers de violence et de déshonneur. Il n’y a pas à dire, ce film a clairement posé une magie, une osmose, qui a servi de base à de nombreux chefs d’œuvre français et étrangers par la suite. Plus j’y repense, et plus je me dis que ce film est celui que je préfère de Melville, voire il fait partie de mes films français préférés.