"Le samouraï" constituant son dixième long-métrage, l'univers de Jean-Pierre Melville est désormais connu et bien en place : héros mutique et solitaire, récit minimaliste, mise en scène rigoureuse et épurée...
A titre personnel, ce cinéma formaliste n'est pas forcément ma tasse de thé, et les amateurs d'intrigues complexes, de dialogues brillants et de personnages à la psychologie développée pourront passer leur chemin. De même pour ceux qui tiennent à la vraisemblance, tant Melville semble s'amuser à aller à son encontre lors de certaines séquences (la scène de l'identification policière, par exemple).
Ce qui n'empêche pas de remarquer que Delon pète la classe dans la peau de Jef Costello, et que la mise en scène de Melville ne manque ni d'élégance ni d'efficacité, avec une photo dans les tons gris et bleuâtres d'Henri Decaë qui ne passe pas inaperçue, à l'instar de la bande originale de François de Roubaix.
On aime ou on n'aime pas, mais le cinéaste au chapeau aura su créer son propre style, et d'ailleurs nombreux sont les réalisateurs de tous pays à revendiquer son influence et à lui rendre hommage (John Woo, Tarantino, Scorsese notamment).