Nouvelle variation sur les thématiques et les codes du film noir, "The Third Man" vaut surtout pour sa mise en scène créative et sa distribution prestigieuse.
Derrière la caméra, on retrouve le britannique Carol Reed, qui bénéficiera pendant le tournage des conseils avisés d'un certain Orson Welles, invité surprise de la distribution.
L'acteur américain crève l'écran dans un rôle pourtant très réduit, dont la tirade cynique à la sortie d'une grande roue est restée fameuse dans les mémoires cinéphiles, de même que sa fuite finale au cœur des égouts de Vienne.
La capitale autrichienne, détruite par les bombardements et quadrillée comme Berlin après-guerre, est le théâtre de cette histoire sombre, dans laquelle un écrivain raté (Joseph Cotten) constate le décès de son ami qu'il venait justement rejoindre en Europe.
Au centre de l'intrigue se trouve une femme, fatale forcément, incarnée avec une certaine classe par l'italienne Alida Valli.
Le pseudo-twist central, hélas éventé par l'affiche, vient opportunément relancer un scénario correct mais pas transcendant.
A l'inverse, la mise en scène de Carol Reed s'avère remarquable, avec ses décors naturels au cœur d'une ville dévastée, ses cadrages obliques innovants et ses jeux d'ombres inspirés de l'expressionnisme allemand.
Seule la musique au cithare, pourtant restée célèbre, m'a paru quelque peu en décalage avec l'univers pessimiste du film.