Planté(e)(s) par le tueur à l'orchidée
« Le Tueur à l’orchidée » est un giallo de facture classique, surement trop, et il est ainsi tombé peu à peu dans l’oubli, mais j’aimerais dire qu’il reste un bon film, et Lenzi, sans innover ou réinventer le genre, en a bien digéré les codes pour livrer une œuvre soignée et agréable à regarder de bout en bout.
J’ai beaucoup apprécié la scène d’introduction et la musique qui l’accompagne, elles nous mettent de suite dans une ambiance « giallesque » à souhait. La bande originale du film est d’ailleurs très réussie et typique des films et de ce genre, et de cette époque.
En fait, tout est typique de cette époque et ça aussi ça m’a plu. Là où certains trouveront que cela fait accuser un coup de vieux au film, j’ai quant à moi aimé retrouver les looks, musiques, mœurs, hippies dans les rues, filles sans soutien-gorge… du début des années 70. On s’y croirait. Ce film respire l’Italie des années giallo.
Alors oui, il ne vaut pas un « Profondo Rosso » pour ne citer que celui-là, il lui manque une identité visuelle plus marquée et des meurtres plus marquants, mais sur ce dernier point, à défaut d’être originaux, ceux-ci sont nombreux et bien agencé, surtout dans « l’avant crime », quand Lenzi parvient plutôt bien à faire monter la tension. De jolies filles, qui y perdent souvent leurs t-shirts et se font poignarder, noyer, étouffer dans un confessionnal… Le réalisateur nous donne ce qu'on est venu chercher !
La mise en scène est parfaitement maitrisée. Elle n’est pas virtuose, ne nous esbaudit pas comme les chefs-d’œuvre d’un Bava ou d’un Argento, mais reconnaissons que le réalisateur ne commet pas non plus de faux pas, le rythme est bien mené, le tout au service d’une histoire assez banale et rocambolesque (giallo oblige) dont on regrettera juste le dénouement un peu trop prévisible. Ce scénario est servi par de bons acteurs, même les victimes parviennent à ne pas (trop) surjouer leurs morts inéluctables et le seul bémol est le personnage féminin principal, l’héroïne en quelque sorte, qui, non contente d’arborer des lunettes de soleil que ne renierai pas Lady Gaga, devrait se faire diagnostiquer un alzheimer précoce au plus vite. Effectivement le « Non je ne me rappelle de rien » puis cinq minutes après « Ah si ! …-elle vous sort ce qu’elle a mangé au p’tit déjeuner 5 ans et trois mois auparavant -» pour ménager le suspense, ça passe une fois, ça passe deux fois, mais au bout d’un moment, on a juste envie de lui tirer les cheveux (qu’elle se remet en place toutes les 3 secondes et demi) en lui sommant de tout balancer, là ! Maintenant ! Taille de soutif de la reine comprise !
Au final, et ce n’en est que plus dommageable, il ne manque pas grand-chose à ce « Tueur à l’orchidée » pour devenir un très bon film, qui marque et vous donne envie de le revoir ou de le faire découvrir. Un petit supplément de personnalité, d’âme, voir d’hémoglobine…
Un peu plus de crédibilité pour une chose aussi : quand on se sait pourchassée par un tueur impitoyable… On ne dort pas porte d’entrée, porte du jardin et fenêtres grandes ouvertes, bordel !
http://www.youtube.com/watch?v=E6zAmzxXtho