J’ai été extrêmement surpris par ce film, n’étant à la base pas un grand fan de Forman. (Et oui « Vol au-dessus d’un nid de coucou » est un film tout juste oubliable)
Je trouve qu’il y a un vrai effort ici pour capter la réalité du quotidien des jeunes dans la Tchéquoslovaquie communiste, et en particulier des jeunes femmes, tiraillées entre les désirs et pulsions de la jeunesse et le puritanisme ambiant. De plus Forman fait droit à la situation économique concrète de ces filles, vivant en communauté près des usines, et semblant isolant du reste du monde, le tout sous l’œil d’un patron/directeur d’usine aux comportements paternalistes que n’auraient pas renié les capitalistes occidentaux de l’époque.
Mais dit comme ça le film semble être un pamphlet social lourdingue mais en réalité il est surtout d’une drôlerie quasi constante, notamment durant la plutôt longue scène de danse où les quiproquos se succèdent et se recouvrent, le tout dans un art du burlesque que l’on retrouvera - en moins bien- dans le reste de la filmographie de Forman.
Et puis, l’air de rien, au milieu de la satire sociale et de la drôlerie, une amertume s’immisce dans le récit par le prisme de l’héroïne, Andula, jonglant avec les amants pour on ne sait trop quelle raison :par plaisir, pour combler un vide, par peur de la solitude? On ne sait pas vraiment et c’est très bien comme ça, le film ne la juge jamais et au contraire se moque de ceux qui la voient comme une fille malsaine voire dangereuse.
Je finirais en soulignant que le dernier acte, par sa tristesse et la méchanceté qu’il fait subir à son personnage principal, n’est pas sans le rappeler l’immense « A nos amours » de Pialat, ce qui n’est pas un faible compliment.