Le premier volet était une belle réussite visuelle péchant par un scénario moyen, le second est une belle réussite visuelle péchant par... un scénario moyen, voire très moyen. J.K. Rowling confirme ici sa plus grande aisance comme romancière, notamment sur la durée. Car dans un premier temps, j'ai été plutôt séduit. Que ce soit les personnages, le nœud de l'intrigue, les différents enjeux : rien de bien original et encore moins novateur, mais un réel potentiel pour stimuler l'intérêt des spectateurs. Seulement, il faut se contenter du minimum, non sans quelques scènes tendues et de bonne facture permettant de ne pas totalement décrocher, mais quand même un peu vide. C'en est même éloquent à la moitié, où l'on brasse joyeusement de l'air sans faire avancer d'un pouce le récit au point d'en être presque assommant. Heureusement, « Les Crimes de Grindelwald » est incontestablement réalisé dans les règles de l'art. Beaucoup de numérique, certes, mais se voyant finalement assez peu tant l'univers est soigné, élégant, à l'image de cette reconstitution du Paris des années 20 d'un grand raffinement. Pas mal d'idées séduisantes, à l'image de ce
très beau dragon chinois,
une photographie presque cristalline éclatante et un univers assez riche, notamment en décors de belle facture.
Surtout, au milieu d'un casting sans grande saveur (allez, Jude Law et Zoë Kravitz ne sont pas trop mal), il y a Johnny Depp. Alors OK, le rôle est porteur. N'empêche, quelle présence, quel charisme, quel talent ! Il éclipse tous les autres sans la moindre difficulté (notons une Katherine Waterston totalement transparente), offrant au film ses meilleures scènes
(franchement, ce discours de meeting à la fois si séduisant et inquiétant, faisant subtilement écho aux heures les plus sombres du XXème siècle, je l'ai trouvé saisissant)
et l'un des méchants les plus marquants de ces dernières années (même si j'avoue ne pas avoir trouvé son évasion si bien foutue, notamment dans le découpage). Quelques vraies qualités, donc, notamment dans le travail formel de David Yates. En revanche, il faudrait sérieusement songer à ce que Rowling passe la main pour l'écriture, car on reste loin des standards « harrypotteriens » que nous avions tant aimé. De quoi attendre la suite avec un certain détachement.