Si I Compagni est devenu une leçon sur l'histoire du travail, c'est qu'il est intéressant dans le sens le plus pur du terme, c'est-à-dire sans chercher à divertir. Du néoréalisme dans toute sa splendeur.
Il y a l'unité de temps (l'hiver 1905), de lieu (Turin, ou juste l'Italie pour le public étranger), un sujet d'études (le travail du textile et le syndicalisme), des camps (les ouvriers, les rouges, les jaunes, les patrons), un déroulement logique et connu (du moins de nos jours) où même les surprises prennent des allures de spontané et de souvenir (je pense au professeur hors-la-loi qui vient glisser quelque raison et savoir dans le cœur des grévistes).
Cette facette du souvenir est devenue difficile à voir avec le temps qui a passé, et l'on aura tendance à confondre facilement la révolution du monde du travail de 1905 avec celle des années 1960. Mais c'est aussi ce que Monicelli recherche : avec un traitement honnête, il établit un parallèle entre deux générations qu'on est en train de perdre de vue. Autant de temps nous sépare aujourd'hui des années 1960 qu'elles en étaient séparées des années 1900 et le film a encore beaucoup à nous apprendre sur le futur des travailleurs.
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