Si l'on regarde Harvey Girls comme un film "normal" autant le dire tout de go : c'est un cauchemar. Mal écrit, mal filmé, mal monté, cette histoire absurde de conflit entre la maison du mal (un saloon plein de putes) et la maison du bien (un restaurant de biftecks plein de pures) est un ramassis de clichés mal digérés. Mais si l'on considère que le cine-kloub d'hier était une séance hors-les-murs de l'Etrange Festival, les choses deviennent intéressantes.
Dans un décor de western façon "le cul-cul est mon ami" (une petite ville proprette au bord de la ligne Atchison- Topeka - Santa Fe) vivent d'effroyables cow-boys tout en couleurs pastel (à coté, un film de Jacques Demy ressemble à une propagande pour une bande de Hell's Angel SM) , se délassant sans entrain devant le spectacle improbables d'horribles danseuses en collants menée par la non moins horrible et porcine Angela Lansbury (oui oui, madame Arabesque en personne !), vaguement à la colle avec le jeune premier (40 ans au compteur) le plus ignoble d'Hollywood : John Hodiak. Lui, je pense qu'il servait de punition pour les enfants pas sages à l'époque : si tu vas pas te coucher, on te montre une photo d'Hodiak.
Débarque donc dans la ville de jeunes vierges (vue la laideur du troupeau, bien obligées !) venues là pour être serveuses. Au milieu d'elle, la plus laide des plus laides, Judy Garland, sosie parfait de Mickael Jackson après 16 opérations chirurgicales ratées. A partir de là, c'est le drame nucléaire permanent : des chansons insipides, des chorégraphies façons "algues lentement balancées par le courant", un maréchal ferrant folle-perdue qui en pince pour le méchant baraqué, d'absurdes quiproquos, des émois amoureux dignes de puceaux pré-pubères stérilisés, et surtout une grande angoisse : va-t-on vraiment avoir le droit au spectacle innommable de l'homme le plus laid de la terre en train d'embrasser la femme la plus répugnante du monde ? Eh bien oui, mais arrivé là le film doit se terminer, plus ça serait la fin de l'univers.
Autant dire que Harvey Girls est une expérience extrême, réservée aux plus résistants.