Le cancer allié de la Propagande.
Spectateur, de leurs fadaises tu seras gavé !
Ainsi, Richard Brown, un charmant universitaire (Johnny Depp), apprenant qu'il est cuit à point (cancer des soufflets), décide de vivre enfin sa vie ; du moins ce qu'il en reste...
On ne sait pas exactement ce qu'elle fut avant, sauf sous l'angle marital/familial : un fiasco.
Du jour au lendemain, l'élégant professeur de littérature anglaise bascule alors en mode maroufle.
Carpe Diem Trash
Richard va commencer par se débarrasser des étudiants qu'il estime inaptes à suivre son sage enseignement --- plus exactement : des étudiants qu'il fait s'estimer inaptes...
Un enseignement à base de beuveries, de fumettes et de vagues exposés notés par-dessus la jambe.
Le prof méga-moderne, quoi.
À la maison, il se contrefoutra d'apprendre que sa femme le trompe et sera ravi de découvrir que sa fille Claire est lesbienne...
Il va aussi, un jour, délaisser la table autour de laquelle est réunie la poignée d'étudiants "fidèles" pour aller bourriquer une serveuse dans les toilettes...
Clou de sa transition existentielle : il acceptera de se faire pomper dans son bureau par un de ses étudiants.
( je vous laisse deviner le profil : la Propagande est en roue libre, comme le capitalisme qu'elle suce allègrement )
-- Would you like to fuck me?
-- Like... in your ass?
- Yeah.
- Is it... is it clean?
- Yeah. I mean it should be. But no. I mean, I can always give you blowjob, too.
Si plusieurs scènes sur la maladie, l'incommunication, le temps perdu et l'amitié, sonnent (plutôt) justes, sont émouvantes, il n'en reste pas moins --- langage du baveux universitaire --- que le discours du film (film qui n'est que discours) est effarant de bêtise satisfaite et pontifiante.
Le réalisateur Wayne Roberts aspire à un monde meilleur parcouru de jeunes gens lucides mais leur propose comme mantra celui du libéralisme débridé et destructeur, déjà largement opérant : LÂCHEZ-VOUS !
C'est parce que l'individu est encouragé depuis 40 ans à être définitivement lui-même, à se défier de l'autorité et de l'effort, à suivre ses désirs, à écouter ses pulsions, à éviter l'autre --- voyez SC et ses myriades de fausses discussions et d'esquives ! --- que cette Terre (nature et sociétés) est en train de crever.
Et les bourreaux s'acharnent sur elle en la noyant sous leurs chialeries....
Une inconséquence bien illustrée par une des scènes finales, quand Richard et Claire --- qui vient de se faire larguer par sa copine Taylor ---, trinquent et disent "To Taylor rotting in hell".
Dégoût et mépris instantanés pour l'être aimé quelques heures plus tôt.
Et si Taylor, avait, elle, compris, sans attendre que le crabe lui pince les fesses, qu'il fallait jouer à fond la carte de la liberté, quitte à faire souffrir ?!
Les derniers jours de Monsieur Brown --- titre français infidèle mais plus adéquat que l'original --- est d'autant plus désolant que son irréflexion gâche de jolis moments ; il est aussi limite dangereux ; ma cousine, 21 ans, depuis qu'elle l'a visionné, désire ardemment un âne...