Il y a bien entendu un certain intérêt dans la démarche de faire jouer tous les rôles des "garçons sauvages" exclusivement à des actrices. Je n'avais pas plus fait attention que cela au casting avant d'aller voir le film et la supercherie a impeccablement fonctionné sur moi pendant une bonne partie de l'oeuvre. Leur jeu est par ailleurs excellent; on ressent tout de même une légère préférence du réalisateur pour Vimala Pons (ou pour son rôle)...
Il y a ensuite le charme désuet de la pellicule, utilisée pour ce long-métrage, et une audace formelle très plaisante, de prime abord. Je pense ici aux passages du noir & blanc à la couleur, et vice-versa, jamais gratuits et toujours très bien exécutés; ou encore à certains plans, comme celui dans le tribunal et la superposition - si j'ai bien compris - du plan de l'avocat général sur celui des garçons.
Mais l'esthétique de ce film, si elle saisit le spectateur dans un premier temps, a fini en ce qui me concerne par me lasser. Elle rappelle par exemple certains clips musicaux très étalonnés, très travaillés, qui peuvent être plaisants lorsqu'ils durent quatre ou cinq minutes, mais l'on parle ici d'un long-métrage d'1h50 et, dans ce cas, on en sort quasiment épuisé.
"Les garçons sauvages" est, on le suppose, bourré de symboles et de références au cinéma fantastique que, personnellement, je n'ai sans doute pas tous saisis. La végétation de l'île sur laquelle les personnages arrivent et le récit, en revanche, manquent à mon sens de subtilité (la sève blanchâtre d'un fruit phallique coulant jusque dans la bouche de garçons insatiables, franchement c'est lourdingue...).
Et à la fois cette oeuvre ne ressemble pas à beaucoup de films que j'ai pu voir avant. C'est réellement un objet cinématographique non identifié, et en cela l'effort est intéressant. Mais il laisse inévitablement ses spectateurs quelque peu décontenancés.