Les graines du figuier sauvage, c'est un cri de colère jeté à la face du régime iranien. On y suit une famille, dont le mari travaille pour le régime, et se retrouve tout naturellement à faire partie des oppresseurs. Ses deux filles sont en révolte face à ce même système et sa femme, tiraillée entre la fidélité à son mari et l'amour qu'elle porte à ses filles, ne sait plus comment réagir.
Le microcosme familial va rejouer ce qu'il se passe dans le pays. Le récit va se cristalliser autour de la disparition de l'arme du père, délivrée par le régime pour sa protection. Dès lors, il va vivre dans la peur. Sa femme va le soutenir au mieux, obsédée par sa sécurité et le confort matériel.
La métaphore est évidente : le mari, c'est le régime, qui vacille et tremble face à la contestation grandissante, et qui se réfugie dans un surcroît de violence pour se maintenir. Sa femme, c'est l'ancienne génération, soumise et effacée. Les filles sont bien plus revendicatrices : c'est qu'ayant accès au téléphone, elles voient bien plus ce qui se joue. Ainsi les longues séquences d'émeutes et de violences filmées par des téléphones montrent le fossé entre les deux générations, et sont l'espoir que, finalement, les choses changent. Le régime ne peut plus cacher les horreurs dont il se rend coupable.
Tournant de plus en plus au thriller, Les graines du figuier sauvage tire de sa colère une grande force. Propulsant les femmes sur le devant de la scène, porté par des actrices inspirantes, il met en scène leur révolte face à ce qu'elles subissent. Le final devient alors leur juste revanche, et un moyen d'exorciser l'horreur du vécu. Auparavant, il aura montré, le plus crûment possible, comment on en arrive à un tel état de fait, quand même les amis peuvent se muer en oppresseurs, le plus logiquement du monde.