Du bon cinéma français à l'ancienne, s'appuyant sur un casting impressionnant composé de Jean Gabin, Bernard Blier, Pierre Brasseur, Louis Seigner et j'en passe, même si la distribution féminine apparaît a contrario sans éclat (hormis les deux scènes de Nadine Tallier, pas encore de Rotschild!), reflétant fidèlement la place (restreinte) accordée aux femmes dans la société en ce temps-là.
En bon artisan du cinéma, Denys de la Patellière s'acquitte sobrement et efficacement de la mise en scène, entièrement dédiée au travail des acteurs, tandis que Michel Audiard se charge des dialogues et de l'adaptation du roman de Maurice Druon (prix Goncourt en 1948), dont il déplace l'intrigue peu après la Seconde Guerre Mondiale (au lieu de la Première).
La description de cette grande lignée française indissociable du pouvoir (économique, politique, médiatique) s'avère savoureuse et cruelle, entre rivalités domestiques, drame familial et vengeance à trois bandes.
Dommage que la brièveté du film et la relative minceur de l'intrigue ne nous laissent un peu sur notre faim, alors que cette saga du clan Schoudler pouvait sans doute offrir davantage de développements.
Sans être un authentique chef d'œuvre, "Les grandes familles" constitue un excellent film, emblème de la qualité française au moment où la Nouvelle Vague s'apprête à déferler.
C'est aussi le point de départ de trois années particulièrement fructueuses pour Denys de la Patellière, qui réalisera successivement "Rue des prairies" et "Un taxi pour Tobrouk", c'est à dire sans doute ses trois meilleurs films.