Le roman de Maurice Druon, qu'on imagine plus subtil et nuancé, offre à Denys de la Patellière et à Michel Audiard une matière satirique qu'ils tirent vers la caricature, de façon drôle, grâce aux formules d'Audiard qui peut étancher sa soif anti-bourgeoise, mais aussi sur un mode simpliste.
Les grandes familles aristocratiques et capitalistes incarnent la France d'en haut, celle des états-majors et de l'Académie, des conseils d'administration et des fils à papa. Le réalisateur et son co-scénariste offrent à la France d'en bas le spectacle des turpitudes d'une classe dépeinte dans sa vanité et son arrogance, sa sénilité, parfois, et sa férocité en affaires. Dans cette alliance qui aussi celle du sabre et du goupillon, dans cette dynastie des Schoudler-de la Monnerie, Noël Schoudler, influent et omnipotent, fait figure de chef. Jean Gabin l'incarne et, peut-être parce que son personnage de capitaine d'industrie est issu de la roture et que ses discours, ses manières, se rapprochent d'un certain populisme, il échappe en partie aux railleries d'Audiard.
Certes, la dureté de Schoudler lui vaudra, lorsque que le drame s'immiscera dans la satire, une cruelle leçon et un remords éternel, mais le jeu uniforme de Gabin autant que son statut de vedette le détournent du personnage authentique et, par conséquent, intéressant qu'on aurait souhaité et qu'aurait du être ce potentat de la finance, détestable à beaucoup d'égards. Gabin et son personnage stigmatisent les limites du film: une vulgarisation de la "haute", éloquente mais pleine de poncifs.