Quand j'étais petit j'avais peur de pleins de trucs. Une vraie petite flipette de compétition.
J'avais peur du vent.
J'avais peur des noirs. En vivant à Montreuil (93100), la plus grosse ville du Mali.
Dieu a un putain de sens de l'humour.
J'avais peur que mon vieux soit arrêté par ces cons de la maréchaussée qui auraient enfin mis la main sur le chauffeur de Mesrine.
C'était l'explication que j'avais échafaudée dans mon petit crâne pour expliquer que jamais je n'avais vu mon père derrière un volant.
J'avais peur d'avaler les pépins de raisins, j'avais vu des vignes et si ça poussait dans mon ventre j'avais bien compris que j'allais en chier.
J'avais peur de m'endormir sans jamais pouvoir me réveiller, un sentiment qui m'étreint encore parfois avant de fermer les yeux.
Quoique maintenant pour te dire la vérité, certain de mes amis me qualifient de narcoleptique. Je pourrais m'endormir en mondant des oignons ou en touillant des pâtes, d'après eux.
Évidemment, il y avait des acteurs qui me faisaient flipper. Plus que des films en fait.
Un type comme Jean-Pierre Marielle me terrifiait!
Une trop grosse voix grave pour mes petites oreilles décollées (d'où ma peur du vent, tu sais, plus de prise et de risques de s'envoler, donc).
Robert Englund et sa tête d'endive, Brando et sa voix de canard, Rossy de Palma et sa troisième jambe plantée au milieu de son visage, Robert Davi et sa mauvaise peau, Lino quand il fronçait les sourcils. Et les burinés... Bronson qui ressemblait à Daniel Guichard ce qui est particulièrement flippant tu avoueras et surtout, surtout, celui qui nous importe aujourd 'hui : Nick Nolte.
Il y a cette jolie phrase... «Dans un monde où des hommes volants poursuivent des éléphants, les gens ont besoin de se camer».
Saigon, c'est la guerre.
Moriarty joue un biffin-photographe qui veut se faire du blé et participe, pour ce faire, à un trafic d’héroïne fort usité à l'époque entre ce coin de l'Asie et les Stazunis de l'Amérique. Quand tu vois la carrure du mec, tu te dis qu'il ferait bien d'être assisté par un type qui descend de l'ours plutôt que de la grenouille. Ça tombe bien, copain, il y a Nick Nolte dans ce film. Et il va non seulement se trimbaler le paquet de sucre parce que pour lui c'est la quille mais en plus la greluche, jouée par Tuesday Weld qui croisa quand elle était fraîche et jeune des types comme Elvis, Paul Newman ou Steve McQueen, restée au pays parce que des pourris du FBI convoite la poudre. Tu suis ? Non ? Pas grave. Le film est oubliable.
Un titre français bien pourri qui t'aiguille sur le mauvaise voie. On est dans la Balade Sauvage et Tarantino a fait mieux avec «True Romance».
C'est lent sans faire dans le contemplatif et c'est en ça que ça diffère du Malick, j'en connais qui pourraient dire que c'est chiant et c'est pas moi qui vais les en dissuader.
Mais il y a Nick Nolte pré-buriné, avec sa voix pas encore totalement ravagée par le bourbon tu sais, le visage lisse mais déjà la paupière tombante, le verbe haut et le cheveu blond filasse, sorte de Rahan urbain.
Donc pour Nick Nolte.
Djieke.
(Il faisait déjà un peu peur ce con, déjà.)